Selon des sources humanitaires, l’homme avait travaillé ponctuellement comme garde du corps pour plusieurs organisations dans ce pays en proie à une guerre civile.
Un Français, chez qui la police a trouvé un « très important arsenal » d’armes de guerre, a été arrêté lundi 10 mai à Bangui, en Centrafrique, où l’armée combat une rébellion. « Un ressortissant français a été arrêté aujourd’hui. C’était quelqu’un qui se disait journaliste et chez qui on a retrouvé un arsenal très important », a affirmé le porte-parole du gouvernement, Ange-Maxime Kazagui, joint au téléphone par l’AFP, sans davantage de détails.
« Un citoyen étranger a été détenu à Bangui avec une énorme quantité d’armes et de munitions », a précisé sur Twitter le Russe Valéry Zakharov, conseiller du président centrafricain, Faustin Archange Touadéra. L’homme arrêté avait travaillé ponctuellement dans plusieurs organisations en Centrafrique comme garde du corps, selon des sources humanitaires. « Il avait fait un court passage dans l’armée dans sa jeunesse », a indiqué une source diplomatique à l’AFP.
Sur des photos partagées sur les réseaux sociaux, un homme apparaît, les mains attachées dans le dos, entouré de policiers sur les marches d’un commissariat de Bangui, avec à ses pieds plusieurs armes de guerre, des munitions et du matériel militaire. Les sources sécuritaires ont assuré à l’AFP qu’il s’agissait bien du suspect mentionné par le gouvernement.
Des paramilitaires russes
La Russie a déployé des centaines de paramilitaires du groupe privé de sécurité Wagner dans le pays, lesquels ont permis aux forces gouvernementales de repousser une coalition de groupes armés ayant juré de renverser le régime de M. Touadéra.
En décembre 2020, ces rebelles, issus des multiples groupes armés qui se partageaient alors les deux tiers de la Centrafrique, ravagée depuis 2013 par une guerre civile, avaient lancé une offensive à quelques jours de l’élection présidentielle du 27 décembre, pour laquelle M. Touadéra apparaissait comme archi-favori, l’opposition l’accusant de truquer le scrutin. Le chef de l’Etat l’avait emporté dès le premier tour avec un peu plus de 53 % des suffrages, mais moins d’un électeur inscrit sur trois avait pu se rendre aux urnes en raison de l’insécurité.
Moscou avait immédiatement dépêché massivement des paramilitaires de Wagner, qui, grâce à l’appui de forces spéciales rwandaises, ont largement contribué à repousser les rebelles. Fin mars, un rapport d’experts mandatés par l’ONU avait accusé les membres de Wagner et des soldats centrafricains de « graves violations des droits humains ».
Guerre de désinformation
Depuis 2018, la France voit son influence contestée dans son ancienne colonie par une offensive diplomatique de la Russie et est régulièrement la cible de campagnes hostiles relayées par des médias locaux. En décembre 2020, Facebook avait étayé le scénario d’une guerre de désinformation entre Paris et Moscou en supprimant publiquement trois réseaux de « trolls » gérés depuis la Russie et la France, dont un ayant des connexions avec l’armée française, tous accusés de mener des opérations d’interférence en Afrique.
Deux réseaux de comptes ont été attribués à des personnes associées à l’Agence russe de recherche sur Internet (ARI) et au sulfureux homme d’affaires Evguéni Prigojine, réputé proche du président russe, Vladimir Poutine, et de Wagner. Un troisième s’est avéré avoir « des liens avec des personnes associées à l’armée française », affirmait Facebook, qui se gardait toutefois d’attribuer directement l’opération à l’institution militaire.
Source: Le Monde