La succession de John Magufuli en Tanzanie s’est poursuivie mardi avec la nomination d’un nouveau vice-président, après une période d’hommages marquée par une bousculade qui selon un dernier bilan a fait 45 morts le 21 mars.
Le chef de l’Etat est officiellement décédé le 17 mars de problèmes cardiaques, dont il souffrait depuis une dizaine d’années, selon les autorités.
Conformément à la Constitution, la vice-présidente Samia Suluhu Hassan a pris sa succession, devenant la première femme à diriger la Tanzanie.
Mardi, le Parlement a validé son choix de nommer le ministre des Finances, Philip Mpango, à la vice-présidence. Il prêtera serment mercredi.
En février, M. Mpango, ancien professeur d’économie et économiste à la Banque mondiale, avait été au coeur d’une polémique alors qu’il était apparu le souffle court, incapable de retenir sa toux, lors d’une conférence de presse destinée à dissiper les rumeurs le disant mort du Covid-19.
La vidéo avait suscité émotion et indignation sur les réseaux sociaux alors que la Tanzanie – censée s’être « débarrassée » du Covid-19 grâce à la prière, selon Magufuli – faisait face à une vague de décès imputés à des pneumonies, qui a touché jusqu’à de hauts dirigeants.
Selon son principal opposant Tundu Lissu, Magufuli lui-même a été emporté par le Covid-19, dans un acte de « justice immanente » contre celui qui n’a cessé de minimiser l’impact du coronavirus et refusé de prendre des mesures pour endiguer la pandémie.
– Nomination surprise –
Devant le Parlement, le nouveau vice-président a assuré qu’il veillerait à ce que les nombreux projets d’infrastructure de Magufuli soient achevés et qu’il « travaillerait sans relâche pour aider la présidente à sortir notre peuple de la pauvreté ».
Cette nomination est une surprise, selon Richard Mbunda, professeur de sciences politiques à l’Université de Dar es Salaam, mais « nous avions besoin de quelqu’un d’un peu neutre comme lui pour éviter les divisions au sein du parti au pouvoir », estime-t-il.
Au pouvoir de 2015 à 2021, Magufuli laisse un héritage controversé.
Pour certains, il a été le président des pauvres et a développé le pays, grâce à son action en faveur de l’éducation gratuite, l’électrification des zones rurales et ses grands projets d’infrastructures (routes, chemin de fer…).
Pour d’autres, il fut surtout un dirigeant autoritaire, qui a mené une féroce répression contre l’opposition, les médias et la société civile.
Samia Suluhu Hassan a promis de « reprendre là où Magufuli s’est arrêté ». Tous les regards scrutent désormais un éventuel changement dans la direction du pays, notamment face au Covid-19.
Mme Hassan a présidé les hommages à John Magufuli, qui se sont succédés du 20 au 26 mars.
Le corps du défunt président a été exposé dans la capitale économique Dar es Salaam, la capitale politique Dodoma, où il a reçu des funérailles nationales, ainsi que dans l’archipel de Zanzibar et les villes de Mwanza et Geita.
Il a été inhumé vendredi dans sa ville natale de Chato, dans le nord-ouest du pays.
Des dizaines de milliers de Tanzaniens ont rendu hommage l’ancien chef de l’Etat, descendant dans la rue pour saluer le passage de son convoi funéraire ou se rendant dans des chapelles ardentes dressées pour l’occasion.
Le 21 mars, l’hommage au stade Uhuru de Dar es Salaam a donné lieu à une bousculade qui a fait 45 morts, ont annoncé mardi les autorités policières, qui n’avaient jusqu’à présent pas donné de bilan.
« Il y avait beaucoup de gens qui voulaient entrer dans le stade et certains n’étaient pas patients. Ils ont forcé l’entrée et cela a causé une bousculade. Quarante-cinq personnes sont mortes dans l’accident », a raconté à l’AFP Lazaro Mambosasa, commandant de la police régionale de Dar es Salaam.
Parmi eux figurent cinq personnes d’une même famille, une femme et quatre enfants, a indiqué Lazaro Mambosasa, en ajoutant que 37 personnes ont également été blessées, dont la majorité a quitté l’hôpital.
Source: La Minute Info