Pourquoi l’Ouganda tente de consolider sa position stratégique avec la RDC

Le 20 juin, la RDC et l’Ouganda ont signé un accord pour poursuivre leur opération militaire conjointe contre les rebelles Allied Democratic Forces (ADF). Mais, pour les Ougandais, au-delà des enjeux sécuritaires, il s’agit aussi de consolider leur rôle stratégique auprès de leur voisin et plus globalement dans la région. Explications.

[Image d'illustration] Le lieutenant-général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni, assistant à une cérémonie d'action de grâce à Entebbe, en Ouganda, le samedi 7 mai 2022. AP - Hajarah Nalwadda

En République démocratique du Congo (RDC), l’armée congolaise (Forces armées de la RDC, FARDC) et l’armée ougandaise (Uganda People’s Defence Force, UPDF) ont renforcé leur coopération militaire.

Les deux chefs d’état-major, le général ougandais Muhoozi Kainerugaba – fils du président du pays Yoweri Museveni – et le général congolais Jules Banza Mwilambwe ont signé, le 20 juin 2025, à Kinshasa un mémorandum d’entente révisé pour poursuivre l’opération conjointe « Shujaa » contre les rebelles Allied Democratic Forces (ADF). Une opération aux objectifs sécuritaires affichés, mais qui répond aussi à des enjeux géopolitiques plus larges dans la région.

Muhoozi Kainerugaba réclamait une rencontre avec le président congolais Tshisekedi depuis plusieurs mois, selon les informations de RFI. Son déplacement à Kinshasa n’est donc pas anodin. À travers cette signature, l’Ouganda cherche en effet à consolider sa position stratégique en RDC, un pays voisin auquel il tient, pour plusieurs raisons.

Contrairement au Rwanda, l’Ouganda a choisi la voie d’une coopération formelle, disent les sources au sein de la présidence congolaise. Objectifs affichés : combattre les ADF – rebelles d’origine ougandaise affiliés à l’État islamique – et sécuriser les zones frontalières. Mais pas seulement.

 

Sécurisation de chantiers stratégiques dans l’est de la RDC

Kampala veut aussi garder un œil sur les groupes armés actifs dans les provinces congolaises voisines du Nord-Kivu et de l’Ituri. En toile de fond, il y a la sécurisation des travaux d’infrastructures, comme les routes Mpondwe-Kasindi-Beni ou encore Bunagana-Goma. Ces chantiers sont exécutés par Dott Services, une société basée à Kampala et financée conjointement par les deux pays. Pour l’Ouganda, ces voies sont vitales pour accéder au vaste marché congolais. Muhoozi Kainerugaba en a parlé avec le chef de l’État congolais.

Enfin, cet activisme ougandais vise à rappeler que Kampala reste un acteur régional incontournable : militairement, diplomatiquement, mais aussi économiquement. L’accord de paix négocié entre Kinshasa et Kigali à Washington prévoit d’ailleurs un renforcement du mécanisme régional de commerce. Or, dans ce contexte, l’Ouganda, point de sortie majeur de l’or ou du café congolais, souvent issus de la contrebande, entend bien jouer sa carte, disent plusieurs sources contactées à propos.