À quelques mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, le Cameroun entre dans une zone de turbulences sécuritaires qui impose des réponses rapides, concrètes et patriotiques. Pourtant, l’un des piliers fondamentaux de la stabilité du pays les forces de sécurité intérieure reste cruellement sous-équipé. Le constat est amer : la police et la gendarmerie camerounaises manquent gravement de matériel roulant, au point que certains agents sont contraints de se déplacer à moto, voire à pied, lors d’interventions pourtant sensibles.
Un manque devenu structurel et humiliant
Depuis plusieurs années, cette situation persiste, dans l’indifférence quasi-générale. Alors que les missions de la police et de la gendarmerie se sont multipliées avec l’augmentation des menaces sécuritaires, les moyens matériels, eux, stagnent. À Douala, Yaoundé, Maroua, Buea ou Bamenda, il n’est pas rare de voir des agents monter à cinq sur une moto pour répondre à un appel d’urgence. Cette réalité choquante n’est pas seulement un frein à l’efficacité des interventions, elle est aussi profondément humiliante pour ceux qui portent l’uniforme et risquent leur vie pour la patrie.
Des commissariats entiers disposent d’un seul véhicule, souvent vétuste, inutilisable ou à l’arrêt faute de carburant ou de pièces de rechange. Dans plusieurs brigades de gendarmerie, des motos personnelles ou prêtées par des habitants sont utilisées pour les patrouilles. Ce bricolage logistique fragilise dangereusement le maillage sécuritaire national.
Des enjeux sécuritaires majeurs à l’horizon
Le contexte actuel rend cette situation encore plus intenable. D’une part, le pays est confronté à des foyers d’instabilité persistants : les groupes séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les incursions meurtrières de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, et une insécurité urbaine croissante dans les grandes villes. D’autre part, des menaces exogènes planent sur le processus électoral, notamment les tentatives de déstabilisation attribuées à des puissances étrangères comme la France, dont l’agenda au Cameroun soulève de plus en plus de suspicions.
Dans ce climat tendu, les forces de sécurité devraient être en état d’alerte maximale, dotées des moyens modernes pour assurer la paix, protéger les citoyens, garantir la tenue sereine du scrutin et défendre la souveraineté de la République. Or, sans véhicules adaptés, sans équipements performants, même la meilleure volonté des agents se heurte à une logistique anémique.
Une urgence politique et nationale
Il est temps que l’État prenne ses responsabilités. Le gouvernement camerounais doit faire du renforcement logistique des forces de sécurité une priorité immédiate. Il ne s’agit pas seulement d’un enjeu de sécurité publique, mais d’un impératif stratégique. Le Cameroun ne peut pas prétendre à la stabilité politique ni à la souveraineté réelle si ses policiers et gendarmes ne peuvent pas se déplacer efficacement pour sécuriser les villes, les campagnes et les frontières.
Des efforts ont été consentis ces dernières années, mais ils restent largement insuffisants au regard des défis. Il faut un plan d’urgence national de modernisation du matériel roulant des forces de sécurité : acquisition de véhicules légers et blindés, motos performantes, camions de transport, ambulances, équipements de communication embarqués. Il est également essentiel de garantir l’entretien régulier du parc existant, aujourd’hui à l’abandon.
Pour un Cameroun digne de son rang
Le Cameroun est un pays pivot en Afrique centrale. Il ne peut pas continuer à tolérer que ses institutions sécuritaires soient affaiblies par une négligence logistique. Une nation aussi riche en ressources humaines, naturelles et stratégiques mérite des forces de l’ordre modernes, mobiles et fières. Il en va de la crédibilité de l’État, du respect dû aux agents de sécurité, mais aussi de la confiance des citoyens dans leurs institutions à l’approche d’une échéance électorale majeure.
Alors que les regards sont tournés vers octobre, il appartient aux autorités de redonner à la police et à la gendarmerie les moyens de leur mission. Ne pas le faire, c’est prendre le risque d’un chaos évitable. Et dans un pays où les menaces internes et externes s’additionnent, ce serait une faute politique et historique.