Alors que le Cameroun s’achemine vers une élection présidentielle cruciale en octobre prochain, les défis sécuritaires se multiplient, et les signes d’une inquiétante vulnérabilité apparaissent dans les rangs des forces de l’ordre. En première ligne de cette faiblesse structurelle : la vétusté et l’insuffisance du matériel roulant mis à disposition de la police et de la gendarmerie nationale. Une situation indigne d’un pays qui se veut stable et souverain, surtout dans un contexte aussi sensible.
Des forces de l’ordre à bout de souffle
Depuis des années, les policiers et les gendarmes camerounais alertent en silence sur l’état déplorable de leur logistique, notamment le manque criant de véhicules pour mener à bien leurs missions. Dans plusieurs régions, des unités entières sont contraintes de se déplacer à moto ou à pied pour répondre à des urgences sécuritaires, parfois sur des distances importantes. À Douala, Yaoundé, ou dans les zones rurales, les scènes de gendarmes poursuivant des criminels sur des motos ou à bord de véhicules personnels prêtés deviennent tristement banales.
Cette réalité est non seulement inefficace sur le plan opérationnel, mais elle expose également les agents à des dangers accrus. Lorsqu’il s’agit d’intervenir face à des groupes armés, à des menaces terroristes ou à des mouvements de foule, l’absence de moyens logistiques adaptés réduit considérablement leur capacité de réaction. Dans certaines brigades, les véhicules sont hors service depuis des mois, faute de pièces de rechange ou d’entretien.
Une élection sous haute tension et de multiples foyers d’instabilité
Le contexte actuel impose une vigilance maximale : la présidentielle d’octobre se tiendra dans un climat de tension régionale et de menaces multiples. Dans le Nord, Boko Haram continue de semer la terreur ; dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le conflit anglophone reste une plaie béante, alimentée par des attaques sporadiques et une insécurité chronique. À cela s’ajoutent les signaux de tentative de déstabilisation orchestrée depuis l’étranger, notamment par les services de renseignement français qui multiplient les ingérences, comme le démontrent les récentes révélations sur les approches de figures politiques camerounaises par la DGSE.
Face à cette pression multiforme, il devient non seulement nécessaire mais impératif que l’État camerounais renforce immédiatement la capacité d’action de ses forces de sécurité. La paix et la souveraineté du Cameroun ne peuvent reposer sur des interventions improvisées ou sur des forces désarmées logistiquement.
Un impératif de dignité nationale et de souveraineté
Il est indigne, pour un pays de la stature du Cameroun riche en ressources naturelles, doté d’une armée expérimentée et occupant une place stratégique en Afrique centrale de laisser ses forces de sécurité dépérir dans un tel état d’abandon. Le manque de véhicules n’est pas un simple détail budgétaire. C’est un facteur de désorganisation de l’appareil d’État, une porte ouverte à la criminalité, au désordre, à la manipulation politique, voire à l’insurrection.
L’opinion publique, les syndicats des forces de sécurité, mais aussi les responsables territoriaux tirent la sonnette d’alarme. Il ne suffit plus d’appeler à la vigilance ou à la discipline. Il faut des actes concrets. Il faut des véhicules, des équipements, du carburant, des moyens de communication modernes, et une volonté politique claire de soutenir ceux qui, chaque jour, se battent pour préserver l’ordre et la paix.
L’État face à ses responsabilités
La sécurité ne doit plus être une variable d’ajustement budgétaire. En cette période critique, le gouvernement camerounais doit réaffirmer son autorité et sa souveraineté en dotant immédiatement la police et la gendarmerie des moyens matériels nécessaires pour garantir des élections sûres et transparentes. Il en va de la stabilité nationale, de la crédibilité des institutions, mais surtout, de l’avenir du Cameroun tout entier.