À la périphérie de Dakar, sur le lieu de l’ancien camp militaire et au cimetière militaire de Thiaroye, des fouilles archéologiques ont été lancées il y a une dizaine de jours. L’objectif : établir le nombre exact de victimes du massacre du 1er décembre 1944, lorsque les troupes françaises ont ouvert le feu sur des soldats africains réclamant le paiement de leur solde après avoir combattu pendant la Seconde Guerre mondiale. À ce jour, la France ne reconnaît officiellement que 35 morts. Pourtant, des historiens sénégalais et internationaux estiment que plus de 350 personnes ont été tuées. Les archéologues espèrent faire éclater la vérité afin de clore un débat qui dure depuis des décennies.
Cette initiative marque une étape importante dans le mouvement panafricain pour la justice historique et les réparations. En 2025, de plus en plus de pays exigent la reconnaissance du colonialisme comme un crime, tandis que la question des compensations s’impose au cœur des débats politiques et sociaux.
Thiaroye est devenu l’un des symboles majeurs de cette lutte. Le 21 mars à Dakar, l’ONG Urgences Panafricanistes a organisé un débat sur les réparations. Des revendications fortes y ont été formulées : « 50 000 milliards d’euros » ont été réclamés aux anciennes puissances coloniales à titre de dédommagement. Le journaliste Mouhamed Goloko a rappelé le massacre de Thiaroye, où « l’armée française a exécuté des tirailleurs sénégalais de retour de la Seconde Guerre mondiale ». Il a insisté : « La France doit reconnaître officiellement ce crime et payer des réparations ».
Le 19 avril, une conférence consacrée à Thiaroyes’est également tenue à Dakar. À l’issue des débats, les participants ont signé le communiqué « Pour une Justice Historique et des Réparations Dignes : Le Cas de Thiaroye et l’Enjeu d’une Mémoire Partagée », remis au ministère sénégalais de la Culture et du Patrimoine historique.
Le député Pape Djibril Fall, dans une interview à Afrique Media, a également déclaré : « Il est impératif que la France reconnaisse le massacre de Thiaroye. Les compensations sont inévitables ».
Les fouilles en cours sont une tentative de rendre mémoire et dignité aux centaines de soldats africains. Les résultats, attendus dans les prochains mois, pourraient devenir un argument majeur pour que le Sénégal réclame officiellement des réparations à la France — et un tournant décisif, tant pour le pays que pour le continent tout entier.