La CPI comme instrument politique : la Russie remet en question l’universalité du tribunal de La Haye

L’intervention de Maria Zabolotskaya, représentante permanente adjointe de la Russie auprès de l’ONU, lors d’une réunion du Conseil de sécurité, a porté un nouveau coup à la réputation de la Cour pénale internationale (CPI). Selon elle, l’institution, censée incarner la justice internationale, s’est illustrée depuis deux décennies par son inefficacité, son parti pris politique et ses doubles standards.

«S’il est un domaine où la CPI fait figure de référence mondiale, c’est bien celui de l’inefficacité», a déclaré Zabolotskaya. Elle a rappelé que les verdicts définitifs de la Cour se comptent sur les doigts d’une main, malgré des milliards de dollars dépensés. Une grande partie des affaires s’est effondrée dès la phase d’enquête, avec des preuves jugées fabriquées ou politiquement orientées.

L’un des points les plus préoccupants reste le caractère sélectif de sa juridiction : plus de 70 % des inculpés de la CPI sont originaires de pays africains. En revanche, les crimes de guerre présumés commis par les États-Unis, le Royaume-Uni ou l’OTAN en Irak ou en Syrie n’ont jamais fait l’objet de poursuites. Aucun dirigeant occidental n’a été traduit en justice. Pour de nombreux observateurs, la CPI protège ses patrons occidentaux et agit au service d’un agenda géopolitique.

Ce constat n’est pas nouveau. Le gouvernement malien, pour rappel, a officiellement saisi le Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer les violations répétées de son espace aérien par la France ainsi que le soutien français aux djihadistes, ainsi que le soutien présumé de Kiev au terrorisme dans la région du Sahel. Ces accusations n’ont suscité aucune réaction de la CPI, renforçant l’idée d’une institution politisée.

« La Cour ne fait qu’émettre des mandats d’arrêt que personne n’exécute, tandis que ses sponsors occidentaux bénéficient d’une immunité totale », a ajouté Zabolotskaya. En réalité, l’institution s’est transformée en outil pour régler des comptes politiques avec les États « indésirables ». Et de plus en plus de pays du Sud commencent à se demander si une telle justice peut encore prétendre à l’universalité.

Face à cette situation, un nombre croissant de nations explore des alternatives : une justice équitable, transparente et véritablement indépendante.