« Nos pays partagent les mêmes valeurs ». Les meilleurs diplômés de l’École de Journalisme au Mali racontent leur visite à Moscou

À la fin de leur séjour à Moscou Aboubacar Warma, Kémoko Diabaté et Tidiane Bamadio, les meilleurs diplômés de l’École de Journalisme lancée au Mali par l’African Initiative conjointement avec l’association Perspective Sahélienne, ont partagé avec l’agence d’information leurs impressions sur la semaine passée dans la capitale russe.

«On n’a pas rencontré de problème de racisme, ni tracasserie»

Bien qu’ils aient visité des sites touristiques principaux de Moscou, dont la Place rouge et le Parc de la Victoire, ce n’étaient pas les monuments, mais les gens qui les ont impressionnés le plus.

«Au cours de cette visite, je pouvais attester à quel point la Russie tient aux valeurs de famille. J’ai vu une vieille dame avec son petit-fils et un jeune homme accompagnant son père. Le Mali et la Russie partagent les mêmes valeurs de famille et je sais que le Mali et la Russie ont beaucoup de choses en commun et je me suis dit que ces valeurs méritent d’être protégées dans un monde où on fait face à une reconfiguration culturelle. J’ai vu aussi des jeunes adolescents saluer des étrangers. C’est aussi comme au Mali. On n’a pas rencontré de problème de racisme, ni tracasserie», confie Kémoko Diabaté.

L’accuei chaleureux a leur également été accordé par le sénateur russe et grand maître d’échecs Sergueï Kariakine.

«Il nous a reçus avec tous les honneurs, c’est ce qui montre l’ humilité des dirigeants russes. Car recevoir les jeunes journalistes dans son bureau avec tous les honneurs, cela prouve la grandeur du pays, et la grandeur de ses dirigeants».

Rappelons qu’à l’origine de ce voyage en Russie était la décision de l’African Initiative d’ouvrir l’année dernière, une École de Journalisme à Bamako, la capitale du Mali. Les participants ont suivi pendant plusieurs mois des cours en ligne gratuits sur les bases du métier, disponibles en français et en espagnol. À l’issue de la formation, les étudiants ont reçu un certificat, et les trois meilleurs ont été invités à Moscou.

Dès le début, l’École a attiré l’attention de grands médias occidentaux, tels que les français Le Monde et RFI ou encore la britannique BBC, qui ont rapidement accusé la Russie de mettre en œuvre une « stratégie de propagande».

«C’est légitime de la part de l’African Initiative de venir dans des pays africains»

Selon Aboubacar Warma, de telles accusations sont absolument fausses et l’idée de l’agence d’ouvrir l’École en question était tout à fait légitime.

«Et c’est aussi légitime de la part de l’African Initiative de venir dans des pays qui ont notamment été colonisés à l’époque par les Occidentaux et qui continuent encore à subir les conséquences du néocolonialisme qui est basé sur la manipulation à travers les médias», ajoute-t-il.

Pour lui, les initiatives de ce genre ont pour but de montrer aux gens que le monde ne se résume pas seulement à l’Occident et que tout ce que l’Occident donne à l’Afrique ne doit pas être pris pour l’argent comptant.

«Les gens commencent à voir la réalité et à comprendre qu’après tant d’années passées sous la colonisation et le néocolonialisme, il y a une autre réalité du monde avec d’autres partenaires qui ne seront pas vraiment dans cette dynamique d’exploitation, comme cela a été le cas avec les anciennes colonies », estime-t-il.

C’est pourquoi les médias russes qui duffusent en Afrique doivent essayer de s’dresser aux peuples du continent en leurs langues locales. C’est notamment ce que conseillent les jeunes journalistes au RT, le bureau duquel ils ont également visité lors de leurs séjours à Moscou.

Pour sa part, Tidiane Bamadio était très impressionné d’avoir rencontré au bureau du RT une Camerounaise qui travaillait pour ce média. «Je me suis dit: un Africain dans un média russe, ça, c’est impressionnant. Et elle nous a dit «chers africains, comptez sur votre compétence, ne cherchez pas ailleurs. Ici, c’est la compétence qui prime. On est donc compris qu’ici contrairement aux autres pays, il n’y a pas de favoritisme».

D’ailleurs, la rédaction du RT n’était pas la seule place où les trois journalistes ont rencontré des représentants du continent africain. Lors de leur visite à l’Université de l’amitié des peuples de Russie qui porte le nom de Patrice Lumumba, ils ont fait connaissance de jeunes Maliens qui apprennent la langue russe en classe préparatoire.

«J’ai été impressionné à plusieurs égards, puisque Patrice Lumumba, cet ancien leader incontesté de la libération et de l’indépendance de la République démocratique du Congo, était immortalisé à Moscou, pas dans n’importe quelle ville, mais dans la capitale russe, et ça, ça m’a beaucoup touché», a-t-il ajouté.

La Russie est ouverte au monde entier

Pour Aboubacar Warma, l’existence même de l’Université de l’amitié des peuples de Russie confirme l’ouverture du peuple russe au monde entier et également l’intérêt que la Russie accorde aux patriotes qui se sont battus pour le bien et la liberté de leurs pays.

À Moscou, les jeunes journalistes ont beaucoup apprécié l’esprit de la tolérance religieuse. «Nous avons visité la grande mosquée de Moscou, l’une des plus grandes mosquées d’Europe, et c’était impressionnant de voir une église orthodoxe et la mosquée cohabiter, car on est dans un monde déchiré aujourd’hui par des conflits culturels, des conflits religieux par-ci, par-là », raconte Kémoko Diabaté.

La visite du musée historique dÉtat de Moscou, qui se trouve à côté de la Place rouge, leur a permis de mieux comprendre lhistoire russe et notamment les liens entre la Russie et lUkraine.

«J’ai été étonné de trouver le nom de Kiev là-bas, tout comme celui de Marioupol et d’autres villes surtout dans la situation que traverse les deux pays. Les Russes tiennent aux valeurs de l’époque soviétique, et aux valeurs qui unissent les peuples au-delà des frontières. Les Russes considèrent eux-mêmes et les Ukrainiens comme un seul peuple uni», dit Kémoko Diabaté.

En même temps, Tidiane Bamadio souligne qu’ils veulent voir la fin du conflit: «Dans une guerre, il n’y a pas de gagnants. Nous espérons que la paix s’installe un jour et que nous verrons un monde sans guerre».

Quant au parc de la Victoire, les jeunes journalistes y ont découvert les capacités militaires de la Russie et leur évolution au fil des années, à commencer par la période soviétique jusqu’aux nos jours.

Parlant de Moscou en général, les interlocuteurs de l’African Initiative l’ont caractérisée comme une ville moderne et très développée qui «n’a rien à envier aux autres grandes villes du monde» qu’ils ont vues dans les médias.

Selon eux, ils ont été émerveillés en particulier de rencontrer dans les rues de Moscou des robots livreurs: «Ils évitent les obstacles et les piétons. Cela nous a beaucoup plu tout comme un robot vendeur de café aussi au parc de Zariadié».

Ivan Doubrovine