La décision de l’Algérie d’expulser douze diplomates français relance la crise entre les deux pays.
Suite à la détention de trois ressortissants algériens en France, l’Algérie a demandé à douze employés de l’ambassade et du consulat français de quitter le pays dans les 48 heures. Les relations entre les deux pays, déjà tendues ces dernières années en raison de diverses démarches réciproques, continuent de se détériorer.
– L’Algérie demande des excuses à la France pour les crimes coloniaux
Plusieurs responsables, dont le président algérien Abdelmadjid Tebboune, ont exprimé à plusieurs reprises leur souhait de voir la France présenter des excuses pour ses crimes coloniaux.
Au moins 1,5 million d’Algériens ont perdu la vie et des millions de personnes ont été déplacées au cours de la guerre d’Algérie qui a duré des années. La France aurait également procédé à au moins 17 essais nucléaires dans le désert algérien entre 1960 et 1966, dont 4 en surface et 13 souterrains.
La question des “excuses” entre les deux pays est devenue un problème chronique en janvier 2021, lorsque le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’il n’y aurait ni excuses ni amnistie concernant le passé colonial de la France.
L’Algérie renouvelle à chaque occasion, sur diverses tribunes, sa demande d’excuses pour les crimes de l’époque coloniale qui resteront une “tache noire” dans l’histoire de la France.
– Différend sur le Sahara occidental et mesures réciproques
L’un des points de tension dans la crise entre l’Algérie et la France émerge lorsque la France annonce sa position concernant la région du Sahara occidental.
En juillet 2024, à l’occasion du 25è anniversaire de son accession au trône, Macron a déclaré dans une lettre adressée au roi Mohammed VI du Maroc que la France considérait le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme le cadre approprié pour résoudre le problème du Sahara occidental.
L’Algérie a réagi en faisant une déclaration selon laquelle la France “a agi en violation du droit international en adoptant une ligne politique en faveur de l’expansionnisme marocain” au Sahara occidental. Le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi à ce sujet en qualifiant le rapprochement entre le Maroc et la France de “nouvelles et anciennes puissances coloniales.”
L’Algérie a rappelé immédiatement son ambassadeur à Paris en réaction à cette démarche de la France.
– Réintroduction du couplet anti-français dans l’hymne national algérien
En juin 2023, l’Algérie a réintroduit le couplet anti-français dénonçant la France, qu’elle avait supprimés de l’hymne national en 1986.
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait indiqué que cette décision “apparaissait à contretemps”.
Le Front de libération nationale, dont Abdelmadjid Tebboune est membre, avait qualifié les déclarations de Colonna de “provocantes” et “inacceptables”, accusant cette dernière de “violer les pratiques diplomatiques et de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un État indépendant et souverain.”
– Le retrait par l’Algérie du français comme langue d’enseignement dans les universités
Les ministères de la Formation professionnelle et de la Jeunesse et des Sports ont décidé en 2021 de ne plus utiliser le français dans les correspondances officielles et les formations.
Depuis 2022, l’accent est mis sur l’anglais dans les écoles primaires. Il a également été décidé de faire de l’anglais la langue d’enseignement à la place du français dans les universités du pays à partir de l’année académique 2023-2024.
– De nombreux différends datant de la période coloniale ressurgissent sans cesse.
Il s’agit notamment des archives algériennes que la France refuse de restituer depuis des années, ainsi que des restes des dirigeants de la révolution populaire algérienne conservés au Musée de l’Homme à Paris, de la demande d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le désert algérien entre 1960 et 1966, et de la clarification du sort de 2 200 personnes disparues pendant la guerre d’indépendance (1954-1962).
La crise entre les deux pays a parfois débordé sur les sphères économique et énergétique. Les récentes mesures prises par l’Algérie pour limiter les importations de denrées alimentaires et les contrats énergétiques avec la France ont également surgi.