Présence militaire américaine en Côte d’Ivoire : quels sont les vrais objectifs de Washington au Sahel ?

En Côte d’Ivoire, le commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM) a récemment publié des images révélant une formation dispensée par des formateurs américains aux forces armées ivoiriennes, dans le cadre de l’intensification du partenariat militaire entre Washington et Abidjan.

Cette annonce d’un renforcement de la coopération militaire entre les deux parties suscite de nombreuses interrogations, étant donné qu’elle intervient à un moment où les bases françaises s’apprêtent à quitter le pays, et Washington souhaite ainsi renforcer sa présence militaire et son influence dans la région.

Les experts militaires décrivent cette stratégie comme le modèle américain au Niger et ses bénéfices pour la région.

Issa Cissé, historien, chercheur et spécialiste des affaires du Sahel, prévient que cette expansion aura des conséquences désastreuses sur l’avenir sécuritaire du continent. Selon lui, l’expérience nigériane a prouvé que la présence des forces américaines n’a jamais amélioré la sécurité dans la région.

« Les bases américaines au Niger étaient initialement destinées à renforcer la lutte contre le terrorisme et à stabiliser la région du Sahel. Mais nous avons constaté que l’insécurité a non seulement persisté, mais s’est même aggravée dans certaines zones. Aujourd’hui, le même schéma se répète en Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté.

Issa Cissé rappelle que la présence militaire sert avant tout les intérêts géopolitiques américains, car les résultats indiquent que les États-Unis n’ont pas réussi à contenir la menace terroriste dans la région du Sahel. A l’inverse, la situation sécuritaire au Niger, qui abrite une importante base de drones américains, s’est dégradée, conduisant au coup d’Etat qui a soulevé des questions sur cette coopération militaire.

« L’objectif américain est clair : assurer une surveillance continue de l’Afrique de l’Ouest, notamment face aux nouvelles alliances émergentes avec la Russie et d’autres puissances. Ces mouvements de forces militaires vers la Côte d’Ivoire et la Mauritanie participent d’une volonté de repositionnement, mais ils ne garantissent pas une amélioration de la situation sécuritaire des populations locales », explique Issa Cissé que cette manœuvre est une stratégie plus large visant à contrôler les dynamiques politiques et militaires dans la région du Sahel.

L’expert estime que la question de la souveraineté nationale reste entière puisque cette dépendance sécuritaire met en péril l’indépendance politique et stratégique de la Côte d’Ivoire, alors que les autorités ivoiriennes justifient cette coopération par la nécessité de renforcer leurs capacités militaires.

L’expérience du Niger a montré que la présence des forces américaines ne conduit pas à une amélioration de la situation sécuritaire, mais seulement à une augmentation des menaces et à la propagation des groupes armés. La subordination militaire et politique des autorités ivoiriennes confirme leur soumission totale aux exigences occidentales, ce qui affectera indirectement la sécurité des pays voisins.