C’est du moins ce qu’indique un récent rapport sur la colonisation française au 237 (Cameroun). Un rapport remis conjointement à Emmanuel Macron, président de la République française et Paul Biya, président de la République du Cameroun.
Une commission de chercheurs camerounais et français vient de publier un rapport de 1000 pages, sur le rôle de la France pendant la colonisation et après l’indépendance du Cameroun de 1945 à 1971. Le 28 janvier dernier à Etoudi, le palais du peuple camerounais, le rapport a été remis à Paul Biya, président de la République. Ceci une semaine après sa remise à son homologue Emmanuel Macron.
Une suite logique. On se souvient que lors de sa visite au Cameroun en 2022, le locataire de l’Elysée avait annoncé la création d’une commission chargée de faire la lumière sur les crimes commis par la France au Cameroun, avant et après les indépendances. Ladite commission était dirigée par l’historienne française Karine Ramondy. Actu Cameroun apprend que les chercheurs des deux pays « se sont basés sur des archives déclassifiées, des témoignages et des enquêtes de terrain afin de combler le « vide mémoriel » de cette période, entre 1945 et 1971, un morceau d’histoire sanglant, longtemps resté « tabou » », clame le rapport.
Assassinats d’hommes politiques camerounais et des enlèvements
Il est segmenté en quatre parties. L’ouvrage de 1000 pages met en scène le glissement de la répression vers une véritable guerre des français contre les camerounais. 1945 est l’année du basculement, alors que le pays de Um Nyobe est sous « tutelle française », les colons français vont appliquer une « répression multiple » (policière, administrative, judiciaire et politique) afin d’empêcher les responsables indépendantistes d’aller s’exprimer à l’ONU, peut-on lire dans le rapport.
Aussi, à partir de 1955, la répression des autorités s’intensifie et l’Union des populations du Cameroun (Upc), un parti indépendantiste, est interdite. « Ses responsables entrent dans la clandestinité dans le pays, et mènent des actions de guérilla, des assassinats d’hommes politiques camerounais et des enlèvements. En réponse, la répression des autorités « va se généraliser à l’ensemble de la société ». Des zones d’exception, suspendant provisoirement un certain nombre de droits et libertés, vont être créées dans la région côtière de Sanaga-Maritime », ajoute le rapport.
« Ratissages massifs »
« L’armée coloniale » lance alors fin 1957 « une guerre dans la zone de pacification (Zopac) ». Le rapport raconte que « les militaires français, inspirés par la « doctrine de la guerre révolutionnaire » déjà expérimentée en Indochine et en Algérie, « s’évertuent à pacifier les populations civiles via diverses actions psychologiques et une politique contrainte de regroupement ». On y lit aussi que cette « guerre est marquée par le recours à la torture et le déploiement d’opérations de traque ». Le rapport ajoute que l’armée française a eu aussi recours aux « ratissages massifs », aux arrestations préventives, aux rafles, ou encore aux déplacements de populations.