Nostalgie suprémaciste contre renouveau souverainiste. Telles sont les deux principales lignes de force qui depuis quelques dizaines d’années, se côtoient, et de plus en plus souvent ces derniers temps, se confrontent, sur une scène mondiale dont l’agitation grandissante semble repousser aux calendes grecques, le point d’équilibre. Entre recomposition des alliances et basculement des sphères d’influence, entre animation de la belligérance et promesses d’ingérences, l’on est bien loin de l’horizon radieux que laissait entrevoir l’avènement de la multipolarité.
Avec la fin supposée des rivalités Est-Ouest, l’espoir était en effet grand de voir se dissoudre, le carcan qui de toujours anesthésiait les velléités d’émancipation de nos États faisant jusqu’alors partie du tiers monde. Un nombre incalculable d’opportunités de croissance se présentait, tout comme semblait s’élargir la panoplie des alliances, pour ces États qui pouvaient dorénavant se mettre en devoir de concrétiser leurs ambitions de souveraineté et de prospérité, sans craindre de provoquer le courroux d’aucun tutorat.
Mais la multipolarité triomphante a fait long feu, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’on assiste au retour en force des vieilles pratiques hégémoniques. À l’agression militaire par procuration, aux pressions politiques et économiques d’usage déjà ancien, viennent s’ajouter des pressions juridiques. Révisions ou ruptures unilatérales d’accords de partenariats, imposition de sanctions, jugements arbitraires, accusations diffamatoires, tous les prétextes sont bons, surtout les plus fallacieux, tant qu’ils servent à faire valoir les prétentions d’hégémonies incapables de s’adapter à la nouvelle donne égalitaire.
Plutôt que d’être portées par des récits historiques à l’exactitude incontestable, ces dites prétentions se basent sur des narratifs en opposition totale avec la vérité des intentions, des faits et des conséquences. L’inversion morale et intellectuelle ainsi convoquée ne vise rien de moins que la culpabilisation et l’autoflagellation de nos peuples, pourtant victimes de l’occupation de leurs terres, du pillage de leurs ressources, de l’aliénation de leurs personnalités physique, morale, intellectuelle, culturelle, sans parler des génocides et autres déportations.
Et à l’instar d’autres pays d’ici et d’ailleurs victimes des conflictualités asymétriques portées par de fausses idéologies fondamentalistes ou séparatistes, le Cameroun est confronté à des desseins de balkanisation à partir de ses régions administratives de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Car loin de porter un quelconque projet de société puritain ou émancipateur, ces mouvements séditieux nés hors de nos frontières, ne sont en réalité que les bras séculiers des entités étrangères qui les financent.
Ainsi se plante pour les décennies à venir, le décor de la scénographie conflictogène dans laquelle vont se faire et défaire les relations internationales. Soit que l’on sera irrésolus ou déterminés, les prochains jours seront une occasion d’asservissement, ou une opportunité d’émancipation. L’un et l’autre cas de figure seront douloureux, et sans aucune pitié pour les fayots. Autant choisir celui le plus en conformité avec l’esprit de nos héros nationaux, nos glorieux combattants de la liberté.