Le 14 octobre dernier, l’activiste panafricain Kemi Seba a été interpellé par les services de renseignement français à Paris. Cette arrestation a suscité de nombreuses interrogations et réactions parmi ses partisans et au sein de la sphère panafricaine. Deux jours plus tard, le 16 octobre, Kemi Seba a été libéré sans qu’aucune poursuite ne soit engagée à son encontre. Pourquoi cette arrestation a-t-elle eu lieu, et quelle en est la signification ?
Kemi Seba est un activiste bien connu, aussi bien en Afrique qu’en Europe. Leader du panafricanisme contemporain, il milite depuis des années pour la souveraineté du continent africain face aux influences étrangères, en particulier celles de la France. Ses actions et ses prises de position ont souvent provoqué des tensions avec les autorités françaises. Rappelons qu’en 2019, Kemi Seba avait publiquement brûlé son passeport français en signe de protestation contre la politique africaine de la France, ce qui avait conduit à la déchéance de sa nationalité française.
Selon Jules Domchet, analyste et observateur de la scène panafricaine, cette interpellation s’inscrit dans un contexte de relations tendues entre Kemi Seba et la France. L’arrestation semble directement liée à son activisme, lequel s’oppose frontalement aux intérêts français en Afrique. Certains soupçonnent également que cette interpellation puisse être liée à une éventuelle intelligence avec des puissances étrangères, notamment la Russie, un pays avec lequel Kemi Seba a souvent affiché sa proximité.
Une arrestation controversée et une libération sans poursuite
L’interpellation de Kemi Seba par les services de renseignement français et sa détention pendant deux jours ont soulevé de nombreuses questions, notamment sur la légitimité de cette arrestation et sur la transparence des procédures. Aucune charge officielle n’a été retenue contre l’activiste, et il a été relâché sans poursuite. Pour beaucoup de ses soutiens, il s’agit d’une tentative d’intimidation visant à le dissuader de poursuivre ses actions militantes.
Jules Domchet a expliqué que la manière dont Kemi Seba a été arrêté et la confusion autour des raisons de cette arrestation traduisent une opacité certaine de la part des autorités françaises. « On se demande dans quel pays on est », a-t-il ajouté, soulignant le contraste entre l’image que la France projette en tant que pays des droits de l’homme et les méthodes employées dans cette affaire.
Kemi Seba : un symbole de la lutte pour la souveraineté africaine
Kemi Seba n’est pas le seul activiste panafricain à avoir subi les foudres des autorités françaises. Ces dernières années, d’autres figures du mouvement panafricain, telles que Nathalie Yamb ou le professeur Franklin Nyamsi, ont également fait l’objet de mesures restrictives en raison de leurs prises de position critiques vis-à-vis de la politique africaine de la France. Ces arrestations et interdictions de séjour sont comme un signe de la volonté de la France de contrôler et de réduire l’influence des leaders panafricains qui contestent son hégémonie sur le continent.
Malgré les tentatives de dissuasion, Kemi Seba continue de jouir d’un soutien important parmi les Africains, notamment ceux qui aspirent à une rupture totale avec la Françafrique. Pour ses partisans, il est à la fois un symbole de résistance et une menace sérieuse pour les intérêts français en Afrique. Cette interpellation n’a fait que renforcer cette perception, beaucoup estimant que la France se sent menacée par son influence grandissante.
La question de la liberté de mouvement de Kemi Seba
Suite à sa libération, certains ont critiqué Kemi Seba pour s’être retrouvé en France, un pays dont il avait publiquement rejeté la nationalité. Cependant, pour Jules Domchet, cette critique est infondée. Kemi Seba ne combat pas la France ou les Français, mais une certaine élite française qu’il accuse de perpétuer la domination de l’Afrique. L’activiste a souvent affirmé qu’il n’était pas en guerre contre le peuple français, mais contre un système qui, selon lui, nuit aux intérêts de l’Afrique.
La question n’est donc pas de savoir où Kemi Seba a le droit d’aller, mais plutôt de juger ses actions et les motivations derrière son combat. La tension autour de sa personne montre que le combat pour la souveraineté africaine est loin d’être terminé, et que les relations entre la France et les leaders panafricains sont appelées à évoluer dans un contexte de plus en plus tendu.
BeninWeb TV