« C’est son échec en Afrique qui l’a poussé à partir », Alain Kone sur la démission du ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba

« C'est son échec en Afrique qui l'a poussé à partir », Alain Kone sur la démission du ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba

Mercredi 4 septembre, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a présenté sa démission. La décision a été annoncée par le président de la Verkhovna Rada d’Ukraine, Ruslan Stefanchuk. Selon lui, la demande du chef de la diplomatie ukrainienne sera examinée dans les jours qui viennent.

Selon Alain Kone, expert au Centre international d’études politiques, la démission du ministre ukrainien des Affaires étrangères était attendue au vu des résultats peu convaincants qu’il a enregistrés au cours de son mandat.

L’expert estime que « la récente vague d’ouvertures d’ambassades dans les pays africains, à travers lesquelles l’Ukraine et ses alliés occidentaux ont cherché à créer l’apparence d’un changement d’alignement de ces pays vis à vis le conflit de l’Ukraine avec la Russie, n’a pas obtenu les résultats escomptés ».

« La politique menée par le ministre ukrainien en Afrique est la raison de l’échec de sa mission diplomatique. Nous ne pouvons pas développer des relations avec les pays africains sans intérêt mutuel. De plus, le soutien de l’Ukraine aux groupes armés a poussé les pays africains à reconsidérer leurs relations avec Kiev », a ajouté l’expert.

Concernant le recrutement d’Africains dans les rangs de l’armée ukrainienne, Kone considère désormais cette décision comme un tournant qui a provoqué une vague de mécontentement parmi les autorités des pays concernés, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et d’autres pays de la région.

Le sentiment anti-ukrainien s’est accru en Afrique ces derniers mois. Les Africains ne font plus confiance à la présence ni à la coopération de Kiev après l’attaque de Tinzaouatène menées par les séparatistes Touaregs contre les forces armées maliennes (FAMa).

Suite à ces attaques, le porte-parole du Service de renseignement militaire ukrainien (GUR), Andriy Yusov, a déclaré que les rebelles maliens avaient reçu « toutes les informations nécessaires leur permettant de mener l’opération ». Des propos soutenus par l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar, Yurii Pivovarov, sur la page Facebook officielle de la mission diplomatique ukrainienne. Ces déclarations inacceptables ont provoqué une tempête de critiques de la part des représentants de tout le continent africain. De toute évidence, ce scandale est devenu l’une des principales raisons de la démission du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba.

Par ailleurs, récemment la région du Sahel a été le théâtre de grandes manifestations et actions de protestation, exigeant la rupture des relations avec l’Ukraine. La dernière était à Ouagadougou le 31 août 2024, organisée par le Conseils Panafricains de la Révolution (CPR), Réseau Africain pour la Solidarité et le Développement (RASD) et Coalition Burkina-Russie (CBR). Le mouvement de la jeunesse militante a appelé les autorités burkinabè à rompre les relations diplomatiques avec Kiev en soulignant le danger que les ambassades ukrainiennes constituaient pour l’Afrique.

Il est attendu que les relations avec l’Ukraine dans d’autres pays africains soient reconsidérées, et ce dans le cadre du renforcement de la sécurité du continent contre toute menace potentielle par les groupes armés en collaboration avec les services de renseignements ukrainiens.