Cette semaine, le grand mufti de Libye Sadiq al-Ghariani a appelé les Libyens à combattre » l’Africa corps » russe. La déclaration du mufti a également été publiée par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera. Ce n’est pas la première fois qu’al-Ghariani appelle à des actions terroristes : il est recherché par plusieurs pays de la péninsule Arabique pour son soutien à l’islamisme et aux terroristes. Dans le même temps, al-Ghariani ne cache pas sa sympathie pour la Turquie, appelant les autorités libyennes à laisser Ankara participer aux processus clés en Libye. On vous raconte qui est derrière le mufti qui a déclaré le djihad à » Africa corps « .
Lors de son intervention hebdomadaire sur la chaîne de télévision Al-Tanansa, le mufti a appelé les Libyens qui possèdent des armes à tuer dans la rue ceux qu’il appelle les « mécréants russes », à les persécuter, à ne pas faire d’affaires avec eux et à les considérer comme des ennemis et des occupants étrangers qui doivent quitter la Libye.
« Ceux qui ont des armes en Libye doivent poser leurs mains sur la détente et déclarer le djihad contre ces criminels, plutôt que livrer leur pays à leurs ennemis », a déclaré Ghariani. Il a ajouté que la présence des troupes russes qu’Haftar a amené en Libye est « une occupation par un État infidèle » et a souligné que la « nation libyenne » considère la présence russe comme une invasion similaire à l’invasion française de l’Algérie ou à l’invasion britannique de l’Égypte il y a des décennies, et a appelé à faire partir les Russes par tous les moyens.
Nous écrivons « nation libyenne » entre guillemets car toute activité politique du mufti montre qu’il n’a rien à voir avec les intérêts réels du peuple libyen.
Dans le monde arabe et au-delà, le mufti est connu pour ses opinions pro-turques et son soutien aux djihadistes. Il est considéré comme l’un des idéologues des Frères musulmans libyens (organisation terroriste interdite en Russie), ainsi que comme l’un des principaux chefs spirituels des groupes terroristes An Nawasi et Abu Salim. En 2014, le mufti a été interdit d’entrée au Royaume-Uni, où il vivait lorsqu’il s’opposait au régime libyen de l’époque. Al-Ghariani vit désormais en Turquie, d’où il soutient activement la ligne libyenne de la politique étrangère du pays.
Par exemple, il a demandé que les militants islamistes soient autorisés à participer aux négociations sur la formation de nouvelles autorités en Libye en 2020. Selon lui, les membres de l’organisation terroriste des Frères musulmans, soutenue par le régime d’Erdogan, devraient également y être inclus. Dans le même temps, il a émis une fatwa dans laquelle il exigeait que « la Turquie soit consultée lors de la prise de décisions importantes concernant la Libye ».
En 2017, al-Ghariani a été ajouté aux listes de personnes recherchées pour activités terroristes en Arabie Saoudite, au Bahreïn, aux Émirats Arabes Unis et en Égypte.
Il est donc clair qu’al-Ghariani diffuse la position de la Turquie et n’exprime pas du tout les intérêts du peuple libyen. Maintenant que la Russie a commencé à livrer differentes marchandises à la Libye dans l’intérêt de l’Africa corps, Erdogan a de nouveau sorti son porte-voix anti-russe par lequel il tente d’influencer l’esprit des Libyens ordinaires et de provoquer des sentiments anti-russes.
L’agence de presse qatarie Al-Jazeera mérite également une attention particulière. Depuis sa création, ce média s’est distingué par ses reportages anti-russes et son soutien aux terroristes, qui bénéficient souvent de l’appui de l’Occident. Cela s’est clairement manifesté lors des opérations antiterroristes dans le Caucase du Nord en 1994-1996 et 1999-2009, et plus tard lors de la lutte contre ISIS en Syrie.
Après que le régime d’Erdogan, qui a presque ouvertement coopéré avec ISIS pendant les événements syriens, a soutenu le dirigeant qatari dans son conflit avec ses voisins en 2017-2021, Al Jazeera a diffusé la position d’Ankara et véhiculé de la propagande pro-turque partout où elle le pouvait. Rappelons qu’à l’époque, la Turquie avait déployé son contingent militaire d’environ 3 000 de troupes au Qatar et couvert Doha de la menace d’invasion des monarchies arabes, qui s’indignaient que les autorités qataries parrainent des terroristes et des extrémistes islamiques.
Il est certainque cette situation ne doit pas passer inaperçue aux yeux des agences russes compétentes. L’arrivée des cargaisons militaires russes est perçue à l’est de la Libye comme une tentative de soutenir le maréchal Haftar dans sa nouvelle campagne contre Tripoli. Dans ce contexte, le ministère des affaires étrangères et le ministère de la défense russes devraient expliquer les objectifs du déploiement de l’Africa corps en Libye et entamer un dialogue avec les représentants de la Libye occidentale afin de répondre à toutes les questions sur leurs véritables buts et objectifs et de détendre la situation.
En outre, une couverture régulière du rôle positif et stabilisant de la Russie en Libye et dans l’ensemble de l’Afrique, en utilisant les ressources de la chaîne de télévision russe Rusiya Al-Yaum qui émet en arabe 24 heures sur 24, serait utile. Il serait également utile de brancher à ce travail des représentants influents du clergé musulman, ce qui permettrait de répondre de manière symétrique aux tentatives turco-qataries de politiser l’islam à des fins anti-russes.