Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a entamé son troisième mandat cette semaine, stimulé par de nouveaux financements massifs, mais les experts estiment que le chemin vers la sortie de la crise économique sera encore long et ardu.
M. Sissi a remporté l’élection présidentielle de décembre avec 89,6 % des voix, face à trois inconnus.
Il devrait entamer officiellement son troisième mandat mercredi, les médias locaux rapportant qu’il prêtera serment devant le Parlement la veille.
Ce mandat de six ans devrait être le dernier de cet homme de 69 ans, à moins qu’un autre amendement constitutionnel.
Les experts ont spéculé sur un éventuel remaniement ministériel, alors que Le Caire s’efforce de contenir les retombées de deux années de crise économique et de pénurie de devises étrangères.
Au début de l’année 2024, le pays le plus peuplé du monde arabe semblait se précipiter vers le défaut de paiement et l’effondrement économique, selon les analystes, avant de recevoir soudainement plus de 50 milliards de dollars de prêts et d’investissements.
En l’espace de quelques semaines, les Émirats arabes unis ont annoncé un accord d’aménagement du territoire de 35 milliards de dollars pour Ras al Hikma, en Égypte ; le Fonds monétaire international a plus que doublé un prêt de 3 milliards de dollars ; la Banque mondiale et l’Union européenne ont signé de nouveaux accords de financement.
Selon l’ancien vice-premier ministre Ziad Bahaa-Eldin, ce renflouement massif a évité à l’Égypte “de tomber dans l’abîme”.
À la suite de ces accords et d’une nouvelle dévaluation de la monnaie – la cinquième du pays depuis 2016 – les indicateurs économiques ont semblé s’améliorer. Les sociétés de services financiers ont relevé les notes de crédit de l’Égypte, alors que des mois de stocks bloqués commençaient à être libérés dans l’économie dépendante des importations.
Mais “nous ne devrions pas croire que la crise est passée, ou que nos problèmes ont été résolus”, a écrit Bahaa-Eldin dans une récente tribune publiée dans le journal privé Al-Masry Al-Youm.
L’analyste économique et ancien parlementaire Mohamed Fouad a déclaré qu’il fallait s’attaquer aux racines de la crise égyptienne, notamment “le rythme des dépenses publiques, l’emprise de l’État sur l’économie et le taux d’inflation”.
Le renflouement, plus généreux que prévu, a été assorti de conditions pour le Caire, à savoir l’adoption d’un taux de change flexible et le “retrait de l’État et de l’armée de l’activité économique”, selon la directrice du FMI, Kristalina Georgieva.
Mais les analystes ont averti que le gouvernement pourrait encore soutenir la livre égyptienne. Et selon Fouad, “l’État veut intervenir davantage, pas se retirer” de l’économie.
Sans une réforme majeure que le gouvernement s’est engagé à entreprendre, on craint que l’Égypte ne se retrouve dans un nouveau cycle de crise. “Pour éviter de retomber dans le même pétrin, nous avons besoin d’un changement qualitatif dans la façon dont nous gérons notre économie réelle”, selon M. Bahaa-Eldin.
Dans le même temps, l’Égypte doit faire face aux conséquences régionales de deux guerres à ses frontières.