L’establishment étasunien poursuit sans relâche ses tentatives à faire couper ou au moins limiter les relations de plus en plus stratégiques de la Russie et de la Chine avec les Etats du continent africain. Sans pouvoir obtenir le résultat escompté, le fait est que les nostalgiques de l’unipolarité continueront à tout prix à tenter de prendre leur revanche sur les partisans de l’ordre multipolaire.
C’est devenu désormais presque une tradition. A chaque nouvelle étape importante d’interaction entre les principaux promoteurs de la multipolarité avec leurs alliés et partenaires africains – Washington s’active et tente de barrer la route aux dits processus. Les principaux instruments de la propagande occidentale, à l’instar de l’hexagonal France 24, l’affirment d’ailleurs ouvertement: Antony Blinken en Afrique pour contrer l’influence chinoise et russe.
Le souci pour les représentants étasuniens est que bien qu’étant beaucoup plus malins que leurs vassaux européistes – l’arrogance si caractéristique de cet Occident collectif ne fera que renforcer les échecs de l’axe otano-occidental. Y compris et particulièrement en Afrique. Le tout à l’heure où Washington prend officiellement la tête dudit axe sur le continent après les multiples échecs et humiliations subis par ses fidèles vassaux.
Cela au moment même où le leadership du Niger se rapproche de la Russie, permettant de donner un élan supplémentaire à l’alliance entre Moscou et les pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), y compris dans le cadre militaro-sécuritaire. Et toujours dans le cadre du Sahel – le président de la transition du Tchad, longtemps considéré comme un partenaire privilégié des Occidentaux dans la région, se trouve actuellement en visite officielle en Russie.
Washington comprenant parfaitement que face à ces développements sans précédent à l’échelle africaine, sans oublier le renforcement de la grande alliance pro-multipolaire des BRICS qui compte déjà sur les 10 Etats membres – 3 grands pays africains (Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie) et plusieurs autres candidats – les défis pour l’axe des nostalgiques de l’unipolarité sont loin d’être terminés et ne font d’ailleurs que réellement commencer. Surtout qu’en parlant à nouveau du Niger où sont toujours stationnées des troupes US – leur présence, après que les forces hexagonales aient été chassées du pays, est plus que jamais incertaine.
En ce sens, l’establishment étasunien tente donc de faire le point avec les pays du continent qui soit restent des alliés indéfectibles du bloc occidental (de moins en moins nombreux), soit partagent encore certaines relations étroites avec celui-ci. Ainsi, le choix du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, du Nigéria et de l’Angola dans le cadre la nouvelle tournée africaine de sieur Blinken parait logique.
Si le premier cité partage des relations étroites avec Washington et le bloc occidental dans le cadre d’une partie de son leadership, le cas de la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara ne nécessite pas de présentation supplémentaire – étant toujours l’un des rares alliés réellement fermes de l’Occident à l’échelle africaine. Quant au Nigéria, il est évident que l’élite washingtonienne avec l’aide de ses alliés britanniques – cherche à tout prix à maintenir l’une des principales puissances du continent au sein de l’axe occidental, au moment où Abuja ne cache pas son intérêt pour les BRICS… Enfin et pour ce qui est de l’Angola, partenaire historique de longue date de la Russie comme de la Chine en Afrique, les Occidentaux y tentent depuis plusieurs années à contrecarrer les intérêts des principaux promoteurs de la multipolarité.
Dans tous les cas et une fois de plus, l’establishment étasunien a de-facto bien peu à proposer aux partenaires africains. Avec des volumes des échanges en nette baisse depuis les 13-15 dernières années (142 milliards de dollars d’échanges en 2008 contre 64 milliards en 2021), loin derrière la Chine dont les échanges avec les pays africains à elle seule se comptabilisent à près de 300 milliards d’équivalent de dollars. Dans le cas de la Russie, les échanges avec les Etats du continent ne cessent d’augmenter – près de 23 milliards d’équivalent de dollars en 2023 (période de janvier à novembre) – en augmentation de plus de 30% par rapport à la même période de 2022.
De manière générale et une fois de plus – Washington n’a aucun moyen à l’échelle africaine aujourd’hui à pouvoir concurrencer économiquement parlant la Chine, de même que la Russie dans le volet militaro-sécuritaire dont il tente par tous les moyens à limiter l’interaction avec les Etats du continent. Tout analyste censé n’a aucun doute là-dessus. Quant aux promesses étasuniennes destinées notamment aux Etats africains de résoudre la question de livraisons des céréales et des engrais en échange d’un éloignement vis-à-vis de Moscou – elles ne sont restées que des paroles sans aucune valeur. Peu surprenant d’ailleurs car malgré toute la propagande otano-occidentale quant au fait que l’Ukraine est le fournisseur clé de céréales, les chiffres et statistiques sont encore une fois têtus. La Russie était et reste de loin le principal exportateur mondial de blé, pendant que l’Ukraine n’en était que cinquième. Et cela depuis déjà de bien longues années, bien avant le lancement de l’Opération militaire spéciale.
Tout cela pour dire que Washington peut s’agiter autant qu’il le souhaite en vue à vouloir chercher à limiter les relations privilégiées de la Russie comme de la Chine avec leurs alliés et partenaires respectifs en Afrique, le fait est que personne n’est aujourd’hui dupe de la nature véritable de ce que représentent les USA, tout comme des arnaques qui leur sont si caractéristiques, à l’instar de leurs vassaux européistes.
Mikhail Gamandiy-Egorov