Au Niger, à la veille des six mois du coup d’État, une délégation de la Cédéao était attendue jeudi 25 janvier à Niamey pour discuter avec la junte de la levée des sanctions, de la transition et de la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum. Mais cette mission a finalement capoté car un seul de ses membres s’est rendu à Niamey.
Seul Robert Dussey a rallié la capitale nigérienne. Le chef de la diplomatie togolaise a été reçu dans l’après-midi à la primature par Lamine Zeine, le Premier ministre nigérien, tout juste de retour d’une longue tournée diplomatique.
Les quatre autres membres de la délégation de la Cédéao qui étaient annoncés pour cette mission de négociations n’ont finalement pas fait le voyage. L’ancien président nigérian Abdulsalam Abubakar a annulé, sans explication, sa venue.
Timothy Musa Kabba et Olushegun Adjadi Bakari, les ministres des Affaires étrangères sierra-léonais béninois ainsi qu’Omar Touray, le président de la commission de la Cédéao, avaient eux prévu de s’envoler jeudi matin d’Abuja. Mais, selon nos informations, leur vol n’a finalement pas pu décoller en direction de Niamey officiellement pour des raisons techniques.
Face à la presse, Lamine Zeine a assuré cet après-midi que les autorités nigériennes avaient bien donné leur feu vert pour que le vol de la délégation de la Cédéao puisse atterrir. Le Premier ministre nigérien a ensuite déploré « la mauvaise foi » de l’organisation sous-régionale après l’échec de cette mission de négociation.
Cette délégation de la Cédéao avait prévu de rencontrer le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) pour discuter de la levée des sanctions, de la durée de la transition et de la libération du président déchu Mohamed Bazoum.
La junte ne mentionne ni le Bénin, ni le Nigéria : illustration des tensions avec la Cédéao
Lors de sa conférence de presse, Lamine Zeine a regretté l’absence de la Sierra Léone, l’un des pays retenus pour la médiation, mais il n’a mentionné ni le Bénin ni le Nigéria, dont les représentants étaient pourtant attendus à Niamey, préférant parler de la mission en soi.
L’épisode semble illustrer les tensions toujours persistantes entre la junte et la Cédéao, même si, au sein de l’organisation sous-régionale, on refuse d’entrer dans la polémique : l’organisation souhaite au contraire calmer les choses. Dans un communiqué diffusé ce matin, la Cédéao affirme avoir présenté ses regrets aux autorités nigériennes et fait part « de sa détermination à trouver une nouvelle date en vue de reprogrammer la mission dans les plus brefs délais ».
« La Cédéao reste engagée pour trouver un règlement négocié aux problèmes politiques dans la sous-région », ajoute l’organisation.
Des conséquences sur l’ensemble de la région en cas de non-paiement des dettes
Malgré les différents avec la junte, certains acteurs semblent aujourd’hui déterminés à avancer, bien conscients que les sanctions commencent à peser très lourdement sur la population nigérienne.
Ces sanctions ont aussi un impact sur l’activité économique dans la sous-région : le Niger ne parvient plus à rembourser certaines de ses dettes et accumule les arriérés de paiement. L’agence de notation Moodies alerte sur ce point : s’il n’honore pas rapidement ses engagements, le pays pourrait voir sa note abaissée. Ce qui pourrait avoir comme conséquence une hausse des taux d’intérêts dans plusieurs pays de la sous-région.