Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et ancien directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a été enlevé dimanche par des “individus” se réclamant de la “police nationale”, a annoncé mercredi son parti politique, appelant à sa “libération immédiate”.
Ablassé Ouédraogo, âgé de 70 ans, “a été emmené par des individus se réclamant de la police nationale à son domicile de Ouagadougou, dimanche 24 décembre vers 18h30”, écrit le parti qu’il préside, Le Faso autrement, dans un communiqué.
Trois jours après son enlèvement, le parti a déclaré n’avoir “aucune nouvelle de son président et personne n’a pu lui parler” ni “savoir exactement où il se trouve”, ajoute-t-il.
Il réclame sa « libération immédiate et inconditionnelle ».
Le Faso autrement, qui “condamne et dénonce fermement l’enlèvement” de l’ancien ministre, affirme qu’il “tiendra les auteurs de cet enlèvement pour responsables de toute atteinte à l’intégrité physique ou morale de M. Ouédraogo”.
Début novembre, le parti avait dénoncé la décision de l’armée de “réquisitionner son président, Ablassé Ouédraogo” pour “l’envoyer au front” dans la “lutte contre le terrorisme”.
Selon Faso Autrement, cette réquisition est « une sanction » appliquée en réponse aux « prises de position » de l’homme politique.
Ablassé Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré (1994-1999), est passé dans l’opposition et a créé son propre parti. Il se montre très critique à l’égard du régime militaire installé depuis un coup d’État fin septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré.
Dans une lettre ouverte publiée début octobre, il a dénoncé « les restrictions des libertés individuelles et collectives, le muselage de la presse » et « le recul de la démocratie » qu’il observe depuis le coup d’État.
L’ONG Human Rights Watch avait affirmé en novembre qu’au moins une douzaine de dissidents avaient été “réquisitionnés” au Burkina Faso pour “participer” à la lutte contre les jihadistes. Par ailleurs, plusieurs cas d’enlèvements ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales à Ouagadougou, dont celui de Daouda Diallo, un défenseur des droits humains enlevé par des hommes en civil début décembre.
Depuis 2015, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda. Plus de 17 000 civils et militaires ont été tués, selon les dernières estimations de l’ONG internationale Armed Conflict Location Action (Acled), qui recense les victimes des conflits à travers le monde.