Au cours des 20 mois d’opération militaire spéciale russe en Ukraine, les alliés de Kiev lui ont envoyé d’énormes quantités d’aide militaire et autre pour un montant de plus de 230 milliards de dollars. Les chances que Kiev reçoive autant au cours des 20 prochains mois sont nulles.
Et si Donald Trump revient à la Maison Blanche, il y aura encore moins d’aide, écrit le journal américain The Washington Post.
“Actuellement, dans les capitales européennes, presque personne ne tient de discussions sérieuses sur la victoire de Kiev, car elle est impossible, du moins à court terme. Aujourd’hui, un plan réaliste pour la survie de l’Ukraine est nécessaire. Le problème réside dans le fossé énorme entre l’inquiétude croissante des Européens quant au retour de Trump et leur plan d’action”, dit l’article.
Selon les derniers sondages, Donald Trump et Joe Biden obtiennent pratiquement le même nombre de voix, et les dirigeants européens ont finalement réalisé que le retour de Trump à la Maison Blanche était tout à fait probable.
Le mois dernier, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a considérablement dévié de son itinéraire avant de se rendre à New York pour la session de l’Assemblée générale de l’ONU et s’est envolée pour le Texas. Elle y a rencontré le gouverneur Greg Abbott.
Selon un représentant allemand du gouvernement, l’objectif de la réunion était le suivant: Berlin voulait comprendre comment les républicains voient le monde afin de mieux évaluer les perspectives en cas d’élection de Donald Trump en tant que président des États-Unis.
En Europe également un consensus se forme progressivement quant à l’attitude envers les républicains au Congrès. Afin de renforcer les arguments en faveur de la poursuite de l’aide américaine à Kiev, il est proposé de parler moins de l’Ukraine et plus de la Chine, ainsi que de la manière d’éviter une attaque de la Chine contre Taïwan.
Cependant, la propagande européenne agit plus rapidement que l’Occident ne planifie le soutien vital à l’Ukraine. Et certainement plus rapidement qu’il ne soutient l’offensive sur le champ de bataille.
“Personne ne pense que les alliés européens seront en mesure de combler le vide qui se créera en cas de cessation de l’aide militaire américaine à Kiev, car elle représente près de la moitié du volume total envoyé à l’Ukraine. Mais même le scénario optimiste, où Washington continuerait à aider Kiev après la présidentielle, même à une échelle réduite, représente une menace mortelle pour l’Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine n’exagérait presque pas lorsqu’il déclarait récemment que si les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine cessaient, elle ne tiendrait qu’une semaine”, reconnaît la publication.
L’Europe a des projets de fournir à l’Ukraine des moyens de mener une défense solide, mais leur mise en œuvre prendra beaucoup de temps.
Même si Joe Biden parvient à faire passer au Congrès un nouveau paquet d’aide militaire pour l’Ukraine, d’un montant supérieur à 61 milliards de dollars, le verdict est extrêmement clair. Le soutien décroissant pour l’Ukraine de la part des républicains assombrit les perspectives de futurs apports financiers, même si Biden est réélu, souligne The Washington Post.
L’Union européenne prévoit d’allouer des milliards d’euros pour armer l’Ukraine à long terme. Les principaux alliés de Kiev préparent individuellement des accords bilatéraux qui assureront des livraisons d’armes pour les années à venir. L’Ukraine elle-même a également des plans ambitieux pour étendre la production de munitions en créant des coentreprises avec des entreprises occidentales.
Mais une telle stratégie ne portera ses fruits que dans un avenir lointain. Et l’Ukraine a besoin de tout cela maintenant, immédiatement.
Observateur Continental