Le président du Rwanda, Paul Kagame, a annoncé pour la première fois, dans une interview accordée à Jeune Afrique et publiée mardi, sa candidature pour un quatrième mandat à l’élection présidentielle prévue en août 2024.
“Je suis heureux de la confiance que les Rwandais me témoignent. Je les servirai toujours, tant quand je le pourrai. Oui, je suis bel et bien candidat”, a indiqué Kagame, réélu avec 99,8% des voix, en avril dernier, à la tête de son parti, le Front patriotique rwandais (FPR).
A une question sur son maintien au pouvoir pendant plus de 20 ans qui “du point de vue occidental (…) ne correspond pas aux normes du politiquement correct”, le président rwandais répond : “Désolé pour l’Occident, mais ce que ces pays pensent n’est pas notre problème. Personnellement, je ne sais plus ce qui correspond aux valeurs occidentales”.
Et d’ajouter : “Qu’est-ce que la démocratie ? L’Occident qui dicte aux autres ce qu’ils devraient faire ? Mais s’ils violent leurs propres principes, comment les écouter ? Chercher à transplanter la démocratie chez quelqu’un d’autre, c’est déjà une violation de la démocratie en soi. Les peuples sont censés être indépendants et doivent être autorisés à s’organiser comme ils le souhaitent”.
En 2015, le “oui” l’avait largement emporté (98,9 %) au Rwanda lors d’un référendum sur une réforme constitutionnelle, autorisant le président Paul Kagame à potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.
La réforme soumise au vote prévoit que Paul Kagame pourra briguer à nouveau la présidence après la fin de son mandat de sept ans en 2017. Le texte lui permettrait en théorie de demeurer à la tête de l’État jusqu’en 2034, le président sortant étant autorisé à briguer un nouveau mandat de sept ans en 2017, puis deux mandats de cinq ans par la suite.
Élu en 2003, réélu en 2010, puis en 2017, avec plus de 90 % des voix à chaque fois, Paul Kagame est au pouvoir depuis que sa rébellion du Front patriotique rwandais a mis fin au génocide de 1994 (plus de 800 000 morts selon l’ONU).