Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a annoncé à l’AFP un combat “de longue haleine” pour “faire renaître” les relations de Kiev avec l’Afrique et réduire l’“emprise” de Moscou sur ce continent fondée, selon lui, sur “la coercition, la corruption et la peur”.
Après des décennies d’oubli, Kiev a lancé une opération séduction en Afrique dans l’espoir d’obtenir son soutien face à l’invasion russe de l’Ukraine débutée en février 2022.
“De nombreuses années ont été perdues, mais nous allons faire avancer une renaissance ukraino-africaine, faire renaître ces relations”, a déclaré M. Kouleba dans un entretien accordé mercredi à l’AFP. “Ce continent a besoin d’un travail systématique et de longue haleine”, a ajouté le ministre, qui a déjà effectué trois tournées en Afrique depuis l’automne dernier.
En juin, une délégation de chefs d’États africains menée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est par ailleurs rendue en Ukraine.
Si “la plupart des pays africains” affichent toujours leur “neutralité” face au conflit, “une lente érosion des positions russes en Afrique est en cours”, a assuré le ministre en citant le Liberia, le Kenya, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, le Rwanda et la Guinée équatoriale parmi les nouveaux partenaires de Kiev sur le continent.
“Nous ne voulons pas être une autre Russie. Notre stratégie n’est pas de remplacer la Russie, mais de libérer l’Afrique de l’emprise russe”, a-t-il souligné.
M. Kouleba accuse le Kremlin d’utiliser “la coercition, la corruption et la peur” pour maintenir des pays africains dans son giron, tout en assurant que Moscou n’avait que “deux puissants outils de travail en Afrique : la propagande et (le groupe paramilitaire) Wagner”.
La Russie a entamé depuis plusieurs années un rapprochement intense avec l’Afrique, y compris via les services de sécurité fournis par Wagner, notamment au Mali et en République centrafricaine, en se présentant comme un rempart contre l’“impérialisme” et le “néocolonialisme” occidental.
M. Kouleba a par ailleurs qualifié de “mensonges” les inquiétudes exprimées par Moscou au sujet de la sécurité alimentaire de l’Afrique, après s’être retiré d’un accord crucial qui a permis d’exporter en un an 33 millions de tonnes de grains ukrainiens par la mer Noire, malgré l’invasion russe.
“Les Africains ont vu que toutes ces histoires de (Vladimir) Poutine sur la façon dont il se soucie des pays africains sont des mensonges”, a lancé M. Kouleba.
L’abandon par Moscou en juillet de cet accord a fait craindre une hausse des prix des céréales qui touche particulièrement les pays les plus pauvres. Le président russe a ensuite promis de livrer gratuitement des céréales à six pays africains. “Ce sont l’agriculteur ukrainien et le consommateur africain de pain qui paient (la sortie de Moscou) le plus cher”, a estimé M. Kouleba.
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