Les plans du gouvernement japonais de se rapprocher au maximum de l’Otan et d’impliquer cette organisation dans les affaires de la région Asie-Pacifique ont rencontré un obstacle inattendu en la personne de la France, plus précisément de son président Emmanuel Macron.
The Guardian rapporte que c’est lui qui s’est opposé à la création à Tokyo d’une représentation à part entière de l’Alliance de l’Atlantique Nord. Ce projet est en discussion depuis plusieurs mois et il stagne, s’avère-t-il, en raison de la résistance de Paris, qui, selon ces informations, craint des complications dans les relations avec la Chine. Pékin critique vivement le plan de création d’un bureau à Tokyo et le qualifie de tentative de former une “Otan asiatique”.
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a laissé entendre que l’organisation ouvrirait un bureau à Tokyo, le premier en Asie, “en réponse à la menace croissante de la Chine et de la Russie”. Malgré les appels à une coopération plus étroite de l’Otan avec les alliés en Asie du Nord-Est, apparemment la France ne veut pas soutenir quoi que ce soit qui exacerbe les tensions entre l’Alliance et la Chine.
“L’Otan représente l’Atlantique Nord, et à la fois l’article V et l’article VI (de sa charte) limitent clairement son champ d’application à l’Atlantique Nord”, a déclaré un haut fonctionnaire français mardi, demandant à rester anonyme. “Il n’y a pas de bureau de liaison de l’Otan dans aucun pays de la région. Si l’Otan a besoin de connaître la situation dans la région, l’Alliance peut utiliser les ambassades désignées comme points de contact”, a ajouté le responsable réagissant à l’annonce de l’ouverture du bureau d’abord parue dans le Financial Times.
La représentation au Japon est censée devenir le premier point d’appui permanent de l’Alliance en Asie. Elle est considérée comme un canal de contacts politico-militaires réguliers et quotidiens de l’Otan non seulement avec le Japon, mais aussi avec d’autres pays de la région – principalement la Corée du Sud, les Philippines, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, peut-être la Thaïlande. Il était auparavant prévu que cette structure commence à fonctionner à Tokyo en 2024 avec pour objectif principal de coordonner la politique des pays de la région et de l’Otan pour contenir la Chine. Le Japon voit la présence maximale possible de l’Alliance dans la région comme une garantie supplémentaire de sa sécurité en cas de conflit armé à cause de Taïwan.
L’ambassadeur de France au Japon Philippe Setton a confirmé dans une interview au journal Nikkei que Paris n’était pas d’accord avec l’idée de créer une représentation à Tokyo, soulignant que la région indopacifique était hors de la zone de responsabilité de l’Otan. Il a souligné que cette démarche enverrait un mauvais signal aux “partenaires en Asie” qui ne veulent pas choisir entre la Chine et les États-Unis.
Tokyo estime que Paris est disposé à une large coopération avec la Chine, la considérant aussi comme un marché très important pour les produits industriels et agricoles français. Selon les Japonais, M. Macron et ses conseillers pensent que la création d’un bureau de l’Otan dans la région pourrait également entraver l’activité diplomatique de la France par rapport à la Chine. D’ailleurs, lors de sa visite à Pékin en avril, Emmanuel Macron a plaidé pour que l’Union européenne ne prenne parti ni pour la Chine ni pour les États-Unis sur le dossier taïwanais.
Le Japon et l’Otan discutent de la possibilité d’ouvrir un bureau de l’Alliance à Tokyo depuis 2007. Le Japon a ouvert son propre bureau de représentation à l’Otan à Bruxelles en 2018. L’année dernière, le premier ministre japonais Fumio Kishida est devenu le premier dirigeant japonais à assister à un sommet de l’Otan. Il participera également à la réunion des chefs d’État de l’Alliance en juillet en Lituanie.
Source: observateurcontinental