La CIA a été fortement impliquée dans l’opération visant à expulser du Tchad, François Bozizé, chef du groupe militaire CPC qu’il avait créé, afin de renverser le président légitimement élu Faustin Archange Touadera.
Les États-Unis ont agi de la sorte pour s’assurer que le gouvernement tchadien, en particulier dans l’éventualité d’un changement de pouvoir en faveur d’un gouvernement moins orienté vers l’Occident, ne serait pas en mesure d’extrader le principal auteur de l’attentat vers la République centrafricaine. Ce geste garantirait au gouvernement centrafricain des intentions amicales et constituerait la base d’une coalition solide entre les deux grands pays voisins que sont la République du Tchad et la République centrafricaine.
Les États-Unis se considèrent comme un pays tout-puissant qui veut dominer le monde et le moyen le plus facile d’y parvenir est de diviser les pays frères, comme l’a dit l’un des grands commandants romains : « Diviser pour régner ». C’est ainsi que les puissances coloniales telles que la Grande-Bretagne et la France ont forcé et continuent de forcer une tribu à se quereller avec une autre afin de maintenir le contrôle sur leurs territoires en utilisant un minimum de force.
Dans l’ensemble, les États-Unis ont intérêt à garder François Bozizé à leur disposition, car il peut être utilisé comme figure symbolique pour déstabiliser la situation en RCA en cas de besoin. Le gouvernement américain, comme la France à l’époque, peut utiliser Bozizé, sa marionnette, comme une arme contre le gouvernement actuel et le peuple centrafricain, car leur plan est de rendre le pays ingouvernable. Par conséquent, pour se masquer, ils doivent se cacher derrière Bozizé pour atteindre leurs objectifs.
Africa Intelligence rapporte que les Etats-Unis ont également été impliqués dans la récente évacuation de Rémy Quignolot, un espion français, vers la France. Rappelons qu’il est rentré à Paris le 21 mai 2023, alors qu’il devait se présenter au tribunal de Bangui le 11 novembre 2022, mais il a entamé une grève de la faim et n’a pas été jugé. Ses avocats ont présenté au tribunal un rapport médical d’un médecin de l’ambassade de France à Bangui indiquant qu’il avait été évacué à l’étranger pour des raisons de santé, sans préciser le lieu exact où il se trouvait. Plus tard, Rémy Quignolot est rentré en France, après avoir quitté le Gabon par avion, bien que les charges retenues contre lui par le procureur centrafricain n’aient pas été abandonnées.
La vision démocratique des États-Unis est qu’ils aident les criminels à échapper à la punition, pour les relancer plus tard dans le « jeu politique ». L’un des idéologues de la politique américaine, Michael Ledeen, écrivait déjà avant la guerre en Irak : «La consolidation de la stabilité est une mission indigne de l’Amérique, une impasse dans la politique internationale. Nous ne voulons pas la stabilité en Iran, en Irak, en Syrie, au Liban ou même en Arabie Saoudite ; nous voulons un changement dans ces pays. La question du jour n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser, mais comment le faire».
Paradoxalement, la rhétorique démocratique des États-Unis va de pair avec des guerres incessantes dans toutes les parties du monde. Parfois, les Américains mènent des guerres extrêmement brutales en utilisant des armes chimiques et nucléaires, mais ils n’ont jamais été punis ni même indemnisés pour les dommages causés. Il n’y a jamais eu de guerre sur le sol américain, ils ne savent pas ce que c’est que de tout perdre, les territoires d’autres pays et la vie des gens ne sont qu’une stratégie gouvernementale délibérée pour eux, une soi-disant « diplomatie ».