Un calme précaire règne ce mercredi à Ngor, une petite commune de la capitale sénégalaise, après une chaude journée d’affrontements la veille entre populations et forces de l’ordre.
A l’origine du conflit, une affaire foncière sur un site de 6000 m2 sur lequel la gendarmerie veut implanter une brigade alors que les populations locales confrontées à un manque d’infrastructures souhaitent qu’un lycée y soit bâti. Les confrontations ont démarré le 18 avril dernier avant d’atteindre leur paroxysme avec les violents affrontements de mardi ayant entraîné la mort d’une jeune fille, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur.
« La situation est calme présentement et les populations vaquent tranquillement à leurs activités ; ce qui n’était pas le cas hier. Les gendarmes avaient pris la commune d’assaut et ont usé de gaz lacrymogènes et même d’armes à feu contre les manifestants », a indiqué à Anadolu au téléphone Sokhna Ndiaye, une habitante de la localité.
Elle a fait savoir que les stigmates des affrontements restent encore visibles dans les rues de Ngor avec des débris de pneus brûlés et des pierres jonchant les routes.
« Pas moins de 24 véhicules de la gendarmerie sont sur le terrain jusqu’à présent et cela peut pousser les manifestants à un sursaut d’orgueil », a-t-elle relevé.
« Au-delà de l’affaire de la brigade de gendarmerie, il y a des velléités de morcellement du site sur 2000 m2 », a estimé la dame, notant que l’actuelle caserne des gendarmes dans la localité ne dépasse pas les 600 m2.
« Ce qui s’est passé est d’une gravité extrême. Les gendarmes ont chargé et ont violemment attaqué les populations. Le problème dure depuis des semaines et l’Etat a laissé faire jusqu’à ce qu’on en arrive à une mort d’homme », a regretté Mamadou Ndiaye, coordonnateur du mouvement “Ngor debout”.
« Certes le calme est revenu ce matin mais la violence peut resurgir à tout instant parce que les populations sont très remontées face à cette situation », a-t-il insisté.
« Ce que nous voulons c’est que ces gendarmes repartent dans leurs bases. Depuis plus de trois semaines ils sont là pour tenter de nous intimider mais cela ne passera pas parce que ce que nous réclamons c’est notre droit », a dit à Anadolu Moussa Pouye, un habitant de Ngor.
« Ngor est l’unique commune de Dakar à ne disposer ni d’un Cem (collège d’enseignement moyen) ni d’un lycée. 3000 m2 c’est insignifiant ; ce que nous voulons c’est un lycée et non une brigade de gendarmerie », a-t-il poursuivi, rejetant la mesure de conciliation prise mardi soir par le président Macky Sall.
Lors d’une audience accordée tard dans la soirée de mardi aux autorités de Ngor, le président Sall a coupé la poire en deux pour tenter de satisfaire les deux parties. La moitié du site est ainsi affectée à la gendarmerie pour la brigade et l’autre moitié pour le lycée pour lequel l’Etat s’est engagé à prendre en charge la construction et l’équipement.
Contacté par Anadolu, le maire de Ngor, Maguèye Ndiaye, a préféré ne pas faire de déclarations s’en tenant à ses propos de la veille.
« Tous les deux projets correspondent à des besoins spécifiques pour les populations », a noté Ndiaye, mardi, au sortir de l’audience avec le président Sall.
« Ce qu’on veut maintenant c’est que la paix revienne. J’appelle ainsi tous à œuvrer pour la paix », a-t-il déclaré.
Source : Anadolu Agency