Le président du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a promis vendredi la libération d’au moins 12 hommes, dont 11 officiers de l’armée, accusés d’avoir tenté un “coup d’État” en décembre 2022.
Mahamat Déby avait été proclamé il y a deux ans Président de transition par l’armée, à la tête d’une junte de 15 généraux, à l’annonce de la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles après avoir dirigé le Tchad d’une main de fer pendant 30 ans.
Malgré une promesse de remettre le pouvoir aux civils par des élections au bout de 18 mois, il avait été reconduit en octobre 2022, à l’issue d’un forum de réconciliation nationale boycotté par l’opposition et les principaux mouvements rebelles, pour une nouvelle période de transition de 18 mois.
Le 5 janvier dernier, le gouvernement avait affirmé avoir arrêté, à partir du 8 décembre 2022, 11 officiers et un militant connu des droits de l’Homme, Baradine Berdei Targuio, présenté comme le cerveau d’une “tentative de déstabilisation” de “l’ordre constitutionnel” et “des institutions de la République”.
“Je m’engage devant vous et devant Dieu à libérer tous les compatriotes inculpés en raison de leur implication dans le Coup d’État raté du mois de décembre dernier”, a déclaré Mahamat Déby vendredi dans un discours à l’occasion de l’Aïd al-Fitr, la fête musulmane qui marque la fin du mois de jeûne sacré du ramadan.
M. Berdei Targuio, président de l’Organisation tchadienne des droits de l’Homme (OTDH), est un défenseur connu des droits humains et un critique virulent des régimes Déby père et fils.
Depuis les arrestations, rien n’avait filtré sur l’enquête. Vendredi, le chef de l’État n’a fourni dans son discours aucun détail supplémentaire et aucun responsable du pouvoir n’a pu être joint pour des précisions. Fin mars, Mahamat Déby avait déjà gracié puis fait libérer 259 jeunes condamnés à de la prison ferme, arrêtés pour avoir, selon les autorités, participé le 20 octobre 2022, date de la fin de la première période de transition, à une manifestation à N’Djamena contre son maintien au pouvoir. Elle avait été réprimée dans le sang par les forces de sécurité.
Selon le gouvernement, 73 personnes avaient été tuées mais bien d’avantage selon l’opposition et les ONG nationales et internationales, qui assurent avoir documenté par la suite de nombreuses arrestations arbitraires, disparitions forcées, exécutions sommaires et même actes de tortures. Dans son discours vendredi, Mahamat Déby a également annoncé la libération d’autres personnes arrêtées le 20 octobre, dans les provinces celles-là. Sans en préciser le nombre.
VOA Afrique