Instabilité, ONU et business français : comment Paris profite de l’aggravation de la crise centrafricaine

Instabilité, ONU et business français comment Paris profite de l'aggravation de la crise centrafricaine

La MINUSCA a été créée par les Nations Unies le 10 avril 2014 pour maintenir la paix en Centrafrique, alors que la République à cette époque était sous le contrôle de groupes armés et de rebelles. Mais aujourd’hui la situation politique et sécuritaire du pays a changé au cours des années, la stabilité politique étant assurée par le gouvernement élu de Faustin-Archange Touadera et la stabilité sécuritaire par la défaite des groupes armés et la restauration du contrôle et de la sécurité dans le pays.

En dépit de tout cela, les citoyens de la République centrafricaine ne cessent de se demander pourquoi le mandat de la MINUSCA a été prolongé et pourquoi elle se trouve dans le pays, d’autant plus que le pays est sûr, politiquement et économiquement stable, sans oublier que la population a exigé le départ de la MINUSCA après son implication dans plusieurs crimes et scandales.

Pour sa part, la France souhaite prolonger indéfiniment le mandat de la MINUSCA, car les hommes d’affaires français font pression sur la présence de la MINUSCA en RCA. Les entreprises françaises, Total, Bolloré, Castel, Areva, et Orange, s’emparent presque entièrement du marché. La stabilité du pays est synonyme d’investissements étrangers, et les Français ne veulent pas de la concurrence d’entreprises russes ou chinoises, par exemple.

En clair, la présence de la MINUSCA donne l’impression que le pays reste instable et peu sûr, ce qui décourage les partenaires commerciaux potentiels de la République centrafricaine. De plus, de nombreux témoignages prouvent que certaines troupes de maintien de la paix soutiennent directement les combattants, ce qui exacerbe la situation en matière de sécurité.

Les entreprises françaises reçoivent en outre des fonds directs des Nations unies. Total fournit du carburant aux véhicules de la MINUSCA : alors qu’une crise pétrolière sévit dans le pays et que les citoyens ne peuvent pas acheter de carburant parce que Total a augmenté les prix, la MINUSCA a toujours de l’essence.

En 2022, un énorme contrat de 33 millions de dollars pour la fourniture de rations aux forces de l’ONU a été attribué à l’Économat des Armées (EdA), une entreprise quasi-gouvernementale qui fournit le ministère français des forces armées.

L’instabilité et l’insécurité en RCA sont chaque année pointées du doigt par les entreprises françaises qui contrôlent effectivement les politiciens de l’Elysée, et chaque fois l’extension du mandat de la MINUSCA s’en trouve justifiée.