Comment faire face à la politique néo-colonialiste économique perpétrée par les pays occidentaux en Afrique? Interrogé par Sputnik, Michael Bibi, évêque du diocèse Buea au Cameroun, relève de principaux défis du continent africain.
“Les pays africains doivent réaliser beaucoup de choses. Tout d’abord, ils doivent commencer à prendre leurs propres décisions économiques et cesser de compter sur les étrangers pour cela. Ils doivent négocier de manière mûre avec les anciens colonisateurs, surtout la France, pour mettre fin à cette ingérence directe, qui prend la forme de la présence militaire”, indique-t-il.
Certains pays, comme le Mali et le Burkina Faso le font “en renvoyant les soldats français et en rompant les liens avec la France”, rappelle l’évêque.
“C’est compréhensible, compte tenu de l’amertume des Africains francophones envers la France et de la durée de cette exploitation, mais nous nous demandons si nous ne pouvons pas trouver une meilleure façon de le faire.”
Pourquoi l’Onu n’arrive-t-elle pas à arrêter la néo-colonisation?
Selon Mgr Michael Bibi, les organisations internationales comme les Nations unies “n’ont pas réussi à arrêter la néo-colonisation pour des raisons évidentes. Les pays leaders de cette organisation sont ceux-là mêmes qui promeuvent cet ordre mondial malheureux”.
Dans cette optique, l’évêque se demande si l’Union africaine peut condamner plus franchement les puissances étrangères qui font la promotion de cette “colonisation économique” de l’Afrique.
Concernant la domination française et britannique sur le continent, les pays africains doivent dénoncer les accords sur les ressources souterraines conclus avec les pays colonisateurs:
“La première chose est que les États africains doivent être assez courageux pour tenir tête à ces puissances étrangères et reprendre tous les pouvoirs et privilèges qu’ils avaient pris sur eux. Ils doivent abandonner les accords conclus avec ces puissances à la veille de l’indépendance en leur donnant un accès illimité à toutes nos ressources souterraines”.
La position de l’évêque corrobore les déclarations du pape François qui, durant sa récente visite en RDC, a mis en garde contre tout effort néo-colonialiste sur le continent.
Que faire pour que l’Afrique puisse se tenir debout sur ses deux pieds?
Mgr Michael Bibi liste trois mesures dont la première consiste à créer “un environnement propice” afin que les jeunes Africains puissent engager “des activités commerciales rentables ici, sur le continent”. Il prône ainsi “une politique fiscale qui a du sens”.
Pour devenir plus indépendante sur le point économique, l’Afrique doit en outre réorienter son système d’enseignement, selon lui.
“Pour que nos économies arrivent au niveau supérieur, nous devons augmenter notre capacité de production et cela ne se produira pas si tout le monde étudie uniquement l’histoire et la littérature anglaise ou française. La plupart des économies d’Asie du Sud-Est ont émergé grâce à cet accent mis sur l’enseignement technique. L’Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya, le Ghana et le Rwanda sont les leaders dans cette nouvelle approche”, souligne-t-il.
La lutte contre la corruption est le troisième facteur qui peut encourager l’émancipation économique du continuent, estime l’évêque. “S’il y a une chose en plus de l’ingérence étrangère qui entrave la croissance en Afrique, c’est la corruption”, conclut-il.