La RDC et le Rwanda franchissent, peut-être, les dernières étapes annonciatrices d’un affrontement militaire direct. Tant les gestes de provocation s’accumulent entre les deux voisins.
Entre la RDC et le Rwanda, la tension atteint un niveau critique. Ce mardi, alors qu’un avion de chasse, un Sukhoi-25 de l’armée congolaise, amorçait son atterrissage à l’aéroport de Goma, il a essuyé un tir de missile. Très vite, côté congolais, on soupçonne le Rwanda.
La RDC réagit au communiqué rwandais
Quelques minutes ont suffi aux autorités rwandaises pour pondre un communiqué laconique dans lequel elles reconnaissent les faits : « Un avion de chasse de la RDC viole l’espace aérien du Rwanda. Aujourd’hui, le 24 janvier 2023, à 17h03, un Sukhoi-25 en provenance de la RD Congo a violé l’espace aérien du Rwanda pour la troisième fois. Des mesures défensives ont été prises. Le Rwanda demande à la RDC d’arrêter cette agression », dit en substance le communiqué.
Un peu plus tard dans la soirée, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, publie aussi un communiqué. Dans ce communiqué, la RDC nie toute violation de l’espace aérien de son voisin : « Les tirs rwandais ont été dirigés vers un aéronef congolais volant à l’intérieur du territoire congolais. Il n’a nullement survolé l’espace aérien rwandais. L’avion a atterri sans dégâts matériels majeurs », soutient le communiqué.
« Droit légitime de défendre son territoire national »
Pour le gouvernement congolais, « cette énième attaque du Rwanda » constitue « une action délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre n’ayant pour objectif que de saboter les efforts en cours dans la mise en œuvre des actions convenues dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi pour la restauration de la paix à l’Est de la République Démocratique du Congo et dans la région des Grands-Lacs ».
Tout en craignant que les actes posés par le Rwanda et le M23 perturbent le processus d’enrôlement des électeurs prévu pour démarrer, dans quelques jours, dans les provinces du centre et de l’Est de la RDC, le gouvernement congolais dit se réserver « le droit légitime de défendre son territoire national et ne se laissera pas faire ».
Une guerre à éviter à tout prix
L’allure que prennent les tensions entre la RDC et le Rwanda autour de la question du M23 fait peser une hypothèque sérieuse sur la stabilité dans cette région des Grands-Lacs. Le Rubicon semble être sur le point d’être franchi. C’est le moment pour les organisations régionales avec en tête l’Union africaine (UA) de jouer leur rôle pour empêcher le pire de se produire. Mieux vaut éviter l’incendie que de venir jouer les pompiers. L’exemple de la guerre au Tigré qui s’est révélée être une guerre pour rien – évidemment rien ne justifie une guerre – avec des milliers de victimes, une partie de l’Éthiopie détruite pour rien, est encore assez brûlant. Trop brûlant pour qu’on laisse la situation dégénérer entre la RDC et le Rwanda.