Dans un entretien au Kyiv Independent, Hollande a revendiqué que les accords de Minsk avaient amené la Russie sur le terrain diplomatique, laissant à l’armée de Kiev le temps de se renforcer. Un aveu contredisant les déclarations pacifiques d’alors.
«Alors que Vladimir Poutine avançait dans le Donbass en utilisant les séparatistes pro-russes (…) nous l’avons conduit à accepter le format Normandie et à venir à Minsk pour les négociations» : huit ans après les accords de Minsk, François Hollande a répondu au Kyiv Independent pour défendre son bilan. L’ancien président français s’est aligné sur Angela Merkel qui, le 7 décembre dans un entretien à Die Zeit, affirmait que les accords de Minsk avaient été «une tentative de donner du temps à l’Ukraine» pour se renforcer militairement en vue d’une confrontation future avec Moscou. Officiellement, ces accords signés le 5 septembre 2014 avaient été conclus avec l’objectif affiché de rétablir la paix entre Kiev et les Républiques du Donbass. Leur conflit a fait près de 15 000 morts (civils et militaires) entre 2014 et 2022.
A la question de savoir si les négociations de Minsk était destinées à retarder les avancées russes en Ukraine, François Hollande a répondu par l’affirmative : «oui, Angela Merkel a raison sur ce point. Les accords de Minsk arrêtèrent l’offensive russe pour un temps. Ce qui était important était de savoir comment l’Occident utiliserait ce répit pour prévenir toute tentative russe ultérieure».
Hollande revendique avoir permis le renforcement de l’armée ukrainienne
Un répit que l’Occident et Kiev semblent avoir mis à profit : «Depuis 2014, l’Ukraine a renforcé ses capacités militaires. En effet, l’armée ukrainienne est complètement différente de celle de 2014. Elle est mieux entrainée et mieux équipée. C’est le mérite des accords de Minsk d’avoir donné à l’armée ukrainienne cette opportunité». Selon lui, ces derniers auraient aussi empêché «la zone contrôlée par les séparatistes de s’étendre». A l’hiver 2015, ceux-ci étaient aux portes de Marioupol et venaient de remporter deux batailles décisives, reprenant l’aéroport de Donetsk et la ville de Debaltsevo. Regrettant les divisions au sein de l’UE et l’ambiguïté allemande «refusant de questionner le pipeline Nord Stream 2», François Hollande rapporte aujourd’hui qu’il était partisan de sanctions maximales, rappelant qu’il avait lui-même annulé la vente de navires Mistral à la Russie en 2014.
En 2022, la confiance entre Moscou et l’Occident a disparu
Etrangement, François Hollande, qui estime qu’une solution pérenne est nécessaire pour la paix en Ukraine, achève son propos en affirmant que «les accords de Minsk peuvent être ressuscités pour établir un cadre légal déjà accepté par toutes les parties». L’aveu d’Angela Merkel a pourtant déjà suscité une vive réaction du président russe Vladimir Poutine le 9 décembre. «La confiance est presque inexistante, mais après de telles déclarations, une question de confiance se pose : comment négocier, sur quoi, et s’il est possible de négocier avec quelqu’un, quelles sont les garanties ?», s’est interrogé publiquement le dirigeant russe. «J’espérais encore que les autres parties prenantes à ce processus étaient sincères avec nous. Il s’avère qu’ils nous trompaient aussi. Il s’agissait uniquement de renforcer l’Ukraine avec des armes, en la préparant aux hostilités», a-t-il ajouté. Vladimir Poutine a ensuite estimé qu’au vu de ces nouveaux éléments, Moscou aurait «peut-être» dû lancer son opération militaire en Ukraine plus tôt, soulignant que la Russie espérait pour sa part être en mesure de résoudre le conflit dans le Donbass par le biais des Accords de Minsk.
RT France