Craignant une nouvelle manifestation vendredi prochain contre l’ambassade de France au Burkina Faso, l’ambassadeur de France Luc Hallade, a demandé aux employés de l’ambassade de rester chez eux et de privilégier le télétravail, ajoutant que les écoles françaises au Burkina Faso seront fermées vendredi.
“En application d’un principe de précaution, les agents non indispensables (hors organigramme de crise) sont invités à rester chez eux et pour ceux qui le peuvent à se mettre en télétravail”, a écrit le diplomate français dans une note interne dont l’Agence Anadolu a eu copie.
“J’invite les opérateurs français tant à Ouagadougou qu’à Bobo-Dioulasso, à faire de même. Les instituts et Etablissement scolaires français seront fermés (passage en EAD) et les ressortissants invités à limiter leurs déplacements et à éviter tout rassemblement ou cortège”, a-t-il ajouté.
Depuis le 30 septembre dernier, date du deuxième coup d’Etat militaire au cours de l’année 2022 au Burkina Faso ayant consacré l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, des manifestations hostiles à la France sont fréquemment organisées dans le pays.
Les emprises diplomatiques françaises avaient même été prises pour cible, début octobre dernier par des manifestants.
Depuis lors, les services de l’ambassade de France sont fermés au public.
La délégation de l’Union européenne au Burkina Faso a déploré dans un courrier adressé au ministère en charge des Affaires étrangères du Burkina Faso “l’absence de réaction appropriée des services de sécurité” burkinabè suite au mouvement de protestation du 18 novembre 2022 qui a ciblé une nouvelle fois l’enceinte diplomatique de l’ambassade de France au Burkina Faso.
A l’issue de la manifestation du 18 novembre courant, le gouvernement burkinabè avait appelé les populations au calme et à la retenue, “au risque de plonger notre pays dans un cycle de manifestations sans fin, préjudiciables à nos objectifs de paix, de stabilité et de sécurité, recherchés pour nos populations”.
Le gouvernement burkinabè “ne dérogera pas aux règles et principes de protection dus aux diplomates et aux représentations diplomatiques présents sur le sol burkinabè”, avait assuré Jean-Emmanuel Ouédraogo porte-parole du gouvernement.
– Vers le retrait des troupes françaises du Burkina Faso ?
Le Premier ministre de la transition du Burkina Faso Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela a déclaré samedi dernier devant les députés que le Burkina Faso s’était engagé à diversifier ses relations de partenariat et souhaitait une coopération “sincère et franche” dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
“Comment comprendre que le terrorisme gangrène notre pays depuis 2015, dans l’indifférence, si ce n’est avec la complicité de certains de nos prétendus partenaires”, a-t-il indiqué sans nommer un pays.
Il a soutenu que ces derniers temps, son pays se passait du soutien des troupes françaises sur son sol dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Selon le chef du gouvernement burkinabè, l’armée française intervenait pour appuyer les soldats burkinabè sur demande des autorités burkinabè, mais que “ces derniers temps les autorités burkinabè s’en passent et préfèrent organiser la lutte avec leurs propres moyens pour la sauvegarde de notre souveraineté”.
Dans la foulée, la France a annoncé, de son côté, qu’elle n’excluait pas la possibilité de retirer ses troupes présentes au Burkina Faso, selon son ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dans un entretien au JDD (Journal du dimanche).
Anadolu Agency