Au Tchad, les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants le 20 octobre dernier, tuant au moins 50 personnes et blessant des dizaines d’autres, a déclaré Human Rights Watch, mercredi, tout en exigeant des enquêtes impartiales pour situer les responsabilités.
« Les autorités tchadiennes devraient immédiatement faire en sorte qu’une enquête indépendante et effective détermine si le recours à la force létale par les services de sécurité était une réponse justifiée et proportionnelle à toute prétendue violence », a déclaré dans un communiqué, mercredi, Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.
Cette ONG a constaté jeudi dernier que « les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive, y compris à des tirs à balles réelles effectués sans discernement, pour disperser des manifestations organisées par l’opposition » au Tchad.
« Les gens devraient pouvoir manifester pacifiquement contre la politique du gouvernement sans se faire tirer dessus ou se faire tuer », a ajouté M. Mudge.
D’après Human Rights Watch (HRW), des activistes, des manifestants et des médias ont affirmé que des hommes non identifiés circulant dans des véhicules civils avaient tiré sur les manifestants jeudi dernier.
S’adressant à ses compatriotes dimanche soir, le président de la transition du Tchad, le Général Mahamat Idriss Deby, a indiqué que « ce ne sont pas de simples manifestations qui ont été maitrisées mais une vraie insurrection minutieusement planifiée pour créer le chaos dans le pays ».
Mais l’ONG HRW a souligné qu’elle « a reçu des témoignages de manifestants et de témoins selon lesquels certains manifestants ont lancé des pierres, et a vu des photos non authentifiées qui montrent une poignée de manifestants armés de couteaux, mais n’a pas trouvé de preuves que des manifestants avaient des armes à feu ».
Les manifestations contre la prolongation de la durée de la transition à deux ans au Tchad, ont fait « une cinquantaine » de morts et « plus de 300 » blessés, selon le Premier ministre Saleh Kebzabo, qui a décrété jeudi soir, un couvre-feu de « 18 h à 6 h du matin » à N’Djamena, Moundou et dans deux autres villes jusqu’au « rétablissement total de l’ordre ».
Le procureur de la république, Moussa Wade Djibrine, annonce l’ouverture d’une enquête judiciaire et l’instruction donnée pour arrêter les auteurs et co-auteurs de crimes et actes de vandalisme lors des événements du 20 octobre.
Ces violences ont été condamnées par la communauté internationale qui a non seulement appelé à l’apaisement mais exigé des enquêtes.
Le 20 octobre, le département d’État américain a émis un communiqué dans lequel il condamne « l’attaque qui s’est produite devant le portail principal de l’ambassade des États-Unis, dans laquelle des assaillants en civil à bord de véhicules privés ont franchi les postes de contrôle policiers et ont tué quatre personnes ».