Les femmes africaines s’unissent sur les lignes de front de la crise climatique

“En favorisant la participation des femmes rurales à l’action climatique, nous nous assurerons qu’il existe de véritables solutions aux changements climatiques. Avec la crise climatique, les femmes rurales sont doublement victimes. Elle souffre du manque de terres et des effets négatifs de la crise climatique, nous devons donc agir !” - Josiane Boyo Yebi - Côte d'Ivoire

L’Assemblée des Femmes d’Afrique de l’Ouest et Centrale sur le climat se tiendra dans le delta du Niger du 17 au 20 octobre 2022. Cet événement est organisé conjointement par des mouvements de femmes et des organisations communautaires locales, dont Nous Sommes La Solution, l’Association des Femmes Pêcheurs de Khelkom, Les Femmes s’Engagent, l’Association de Défense des Droits des Aides Ménagères et Domestiques, le Réseau des Femmes Braves et Femmes Riveraines de Campo. Les ONG alliées qui soutiennent cette plateforme comprennent le Centre de Développement et de Ressources pour les Femmes de Kebetkache, WoMin African AllianceGreen Développent Advocates et Lumière Synergie pour le Développement.

L’assemblée rassemble des femmes de la Guinée-Conakry, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Mali, du Sénégal, du Burkina Faso, de la Sierra Leone, du Libéria, de la République Démocratique du Congo et du Nigéria, qui subissent quotidiennement les coûts de la crise climatique en pleine expansion. Parmi les participantes figurent des femmes qui résistent à l’extraction minière, pétrolière et gazière, à l’agriculture industrielle, à la pêche et à la foresterie, ainsi qu’à des mégaprojets d’énergie et d’infrastructures.

L’Afrique subsaharienne supporte les coûts extrêmes d’une crise climatique dont elle n’est pas responsable. L’Afrique a contribué à moins de 4 % de toutes les émissions de carbone depuis 1880, mais se réchauffe plus rapidement que toute autre région du monde. Alors que le climat mondial s’est réchauffé en moyenne de 1,1 degré Celsius, la moyenne pour l’Afrique est d’environ 1,5 degré. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les feux de forêt et les cyclones, ainsi que les invasions acridiennes, les inondations et l’élévation du niveau de la mer qui touchent les communautés côtières sont monnaie courante. D’ici 2050, 86 millions d’Africains seront contraints de migrer dans leurs propres pays en raison du changement climatique.

Les femmes africaines sont les plus touchées par les impacts climatiques, étant donné la division du travail qui leur attribue la responsabilité première de la production et de la préparation des aliments, de la collecte de l’eau et de l’énergie, et des soins aux personnes âgées, aux jeunes et aux malades. Ce rassemblement critique des personnes les plus touchées au monde, mettra en avant les impacts et les coûts sexospécifiques d’un climat qui se réchauffe rapidement et offrira aux femmes un espace pour partager leurs expériences et leurs stratégies d’organisation, apprendre les unes des autres, approfondir leurs connaissances et construire la solidarité.

L’assemblée vise à renforcer et à unifier les luttes menées par les femmes contre les projets destructeurs à grande échelle et les fausses solutions à la crise climatique, et offre aux femmes une plateforme puissante pour proposer et mettre en lumière les solutions de développement RÉELLES dont les femmes africaines et leurs communautés ont besoin pour survivre aujourd’hui et demain. Cela représente le début d’une assemblée permanente des femmes africaines pour la justice climatique et le développement.

Les femmes et leurs communautés dans le delta du Niger ont, pendant des décennies, supporté les coûts de la maladie, de la violence, de la faim et des déplacements, afin que les entreprises les plus puissantes du monde, les riches et les classes moyennes du Nord puissent bénéficier d’un approvisionnement énergétique illimité et des opportunités de développement. Il est normal que l’Assemblée se tienne ici.

Notre nourriture, notre sol est très riche, mais il a été souillé par le pétrole et le gaz. Les entreprises ne nous ont pas indemnisées. Notre bureau c’est notre terre. Avant [les sociétés pétrolières] nous travaillions et contribuions à quelque chose… maintenant il n’y a plus rien pour les femmes à vendre et pour nourrir leurs enfants” – Ngozi Azumah – Nigéria

En prélude à la prochaine COP27 en Égypte, présentée comme la « COP africaine », les voix des femmes africaines doivent être au premier plan, car ce sont elles qui supportent les coûts les plus élevés, mais elles détiennent également les vraies solutions dont notre continent, ses peuples, la nature et le monde ont désespérément besoin. Les femmes disent NON aux puissantes multinationales qui exercent un grand pouvoir sur les délégations des gouvernements du Nord. Elles exigent que leurs gouvernements se tiennent d’abord aux côtés de leurs peuples. Et elles insistent pour que les entreprises et les élites du Nord reconnaissent leur responsabilité dans la crise climatique et paient leur dette aux peuples et aux femmes d’Afrique ! L’HEURE de la justice climatique a sonné !