Le groupe de militaires ayant renversé, vendredi, le président de la transition au Burkina Faso le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a déclaré que les choix « hasardeux » de ce dernier, « ont progressivement » affaibli le système sécuritaire du Burkina Faso en proie aux attaques terroristes.
Les militaires qui ont pris le pouvoir, ont annoncé à la télévision publique (RTB) que des zones jadis paisibles au Burkina Faso sont passées sous le contrôle des groupes armés terroristes.
Affirmant appartenir au Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) qui a pris le pouvoir le 24 janvier dernier par un coup d’État contre l’ex président Roch Marc Christian Kaboré, les nouvelles autorités ont expliqué que face à la « dégradation continue » de la situation sécuritaire « nous avons entrepris à plusieurs reprises des approches visant à recentrer la transition sur les questions sécuritaires ».
« Conscients de nos responsabilités nous avons de façon concertée élaboré un programme de réorganisation de l’armée qui aurait permis d’opérationnaliser des unités combattantes à même de lancer des contre-offensives », ont affirmé les militaires dans un communiqué lu sur le plateau de la radiodiffusion-télévision du Burkina Faso.
Et les militaires d’expliquer que « rejetant cette proposition, le lieutenant-colonel Damiba a persisté avec l’articulation militaire qui a été à la base de l’échec du régime de Roch Marc Christian Kaboré ».
« Les actions du lieutenant-colonel Damiba nous ont progressivement convaincus que ses ambitions s’écartaient largement de notre idéal commun. Nous avons assisté à une restauration au forceps d’un ordre ancien par des actes de nature à remettre en cause l’indépendance de la justice et à créer des précédents graves », ont-t-il souligné.
Ils ont expliqué que « les choix hasardeux du lieutenant Damiba ont progressivement affaibli notre système sécuritaire et que les lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu se sont aggravées sous la transition compromettant aussi les opérations à caractère stratégique ».
« Au regard de toutes ces dérives nous avons décidé ce vendredi de déchoir le lieutenant-colonel Damiba afin de poursuivre notre idéal commun avec l’ensemble du peuple burkinabè à savoir la restauration de la sécurité et de l’intégrité de notre territoire », ont-ils affirmé.
Les nouvelles autorités conduites par le capitaine Ibrahim Traoré, disent engager l’ensemble des forces combattantes à se recentrer sur la situation sécuritaire.
« La prise du pouvoir en ce moment traduit la ferme volonté du MPSR à une inclusion de toutes les couches sociales du Faso sans distinction aucune à la suite de la transition et dans notre lutte commune », ont-ils assuré.
Le groupe de militaires a tenté de rassurer la communauté internationale en affirmant que le Burkina Faso continuera de respecter ses engagements internationaux notamment les droits humains.
Les nouvelles autorités ont annoncé entre autres, la suspension de la Constitution et de la charte de la transition, la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée législative de la transition, l’instauration d’un couvre-feu dans tout le pays de 21h00 à 5h00 du matin, la fermeture des frontières jusqu’à nouvel ordre, la suspension de toute activité politique et de la société civile, ainsi que la convocation prochaine des forces vives de la nation pour écrire une nouvelle charte et désigner un président civil ou militaire.
Le 24 janvier dernier le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, qui regroupe toutes les composantes des forces de défense et de sécurité, sous la conduite du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait renversé le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, à la tête du Burkina Faso depuis 2015.
Anadolu Agency