Au Mali, le blocus jihadiste de Boni enfin levé

La ville de Boni, dans le centre du Mali. © Google Maps

Depuis le 25 mai, cette ville de la région de Mopti, dans le centre du Mali, était sous embargo jihadiste. La Katiba Serma, membre du Jnim, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à Al-Qaïda, avait coupé la route permettant d’accéder à Boni afin de punir les habitants, accusés notamment de collaborer avec l’armée malienne et ses supplétifs russes. Ce sont des négociations qui ont finalement permis de rétablir l’accès à la ville.

Les véhicules peuvent à nouveau circuler entre Douentza et Boni depuis mercredi matin.

Les négociations ont été menées en début de semaine par des représentants du chef du village de Boni, des jeunes et des représentants de plusieurs localités voisines également affectées par le blocus.

Selon plusieurs sources locales concordantes, l’armée malienne aurait été consultée au préalable. Sollicité sur ce point, l’état-major n’a pas donné suite.

Ce n’était pas la première tentative de résolution communautaire, mais cette fois les discussions ont permis d’aboutir à un accord : la Katiba Serma a accepté de lever le blocus infligé à Boni depuis plus de trois mois et de déminer le tronçon de la RN16 qui relie Boni à Douentza. En échange, les jihadistes demandent aux habitants de ne plus communiquer d’informations aux militaires maliens ni à leurs supplétifs russes, de leur permettre d’accéder au marché de Boni sans les dénoncer, et de ne pas s’interposer entre eux et l’armée malienne. Selon une source proche des négociations, les jihadistes auraient également demandé le départ des militaires maliens et de leurs alliés russes de la zone, point sur lequel les communautés n’ont pas pu s’engager.

« Les jihadistes eux-mêmes étaient affectés par le blocus », ajoute un ressortissant du village proche des négociations, qui précise que la Katiba Serma s’approvisionne en partie auprès de commerçants locaux et que l’embargo, très néfaste pour les habitants, nuisait à l’image de la Katiba Serma. « Aujourd’hui nous sommes soulagés, mais on regrette que les autorités ne nous aient pas apporté d’aide pendant trois mois », ajoute cette source.

La levée du blocus soulagera évidemment les habitants de Boni et des alentours, mais aussi ceux de Gao, plus au Nord, qui était également privés, du fait de l’impossibilité d’emprunter cette route, d’une partie de leurs sources d’approvisionnement.

Rfi