Le Premier ministre japonais Fumio Kishida s’est engagé, dimanche, au terme d’un sommet Japon-Afrique à Tunis, à “renforcer son partenariat avec l’Afrique” et à “remédier à une injustice historique”, en faisant pression pour que le continent obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.
Objectif : contrecarrer l’influence de la Chine et favoriser un développement “mené par les Africains eux-mêmes”. Le Japon a promis, dimanche 28 août, “une étroite collaboration” avec l’Afrique, afin d’y promouvoir une économie “plus résiliente” face aux crises et épidémies, et davantage de “sécurité” sur un continent miné par guerres et terrorisme, lors d’un sommet à Tunis.
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a jugé indispensable de “remédier à une injustice historique” pour que l’Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et le Japon, a-t-il dit, poussera dans cette direction quand il y sera un membre non permanent en 2023-2024.
Le Japon entend “créer un environnement où le peuple africain pourra vivre en paix et en sécurité afin de pouvoir se développer”, a expliqué Fumio Kishida, en visioconférence depuis Tokyo, parce que positif au Covid-19.
Cette thématique a été longuement développée par le président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine (UA) Macky Sall, réclamant que “les mentalités changent”. “Ce qui nous déstabilise et nous empêche de nous développer doit être pris en compte par le Conseil de sécurité, dont c’est la mission”, a ajouté Macky Sall. “L’Afrique est le ventre mou du terrorisme international […] Il faut une réponse globale”, a-t-il plaidé.
Une aide de 30 milliards de dollars
Soulignant devant la presse que certains pays d’Afrique de l’Ouest “consacrent 30 % de leur budget à la lutte contre le terrorisme”, Macky Sall a plaidé pour que “ces nouvelles charges” pour les armées africaines “soient sorties du calcul du déficit”. Il a appelé en outre les bailleurs de fonds à contribuer au Fonds de l’UA pour la paix.
Près de 20 chefs d’État et de gouvernement africains ont assisté à Tunis au huitième sommet Ticad (Tokyo International Conference for African Development), qui a rassemblé, samedi et dimanche, 5 000 participants conviés aussi à un forum d’entrepreneurs et à des conférences parallèles.
Le Japon, qui a annoncé, samedi, l’octroi de 30 milliards de dollars de fonds privés et publics à l’Afrique sur trois ans, a prévu un volet “paix et sécurité” pour la formation de policiers, l’aide à l’organisation d’élections, le contrôle des frontières.
Une aide concrète de 8,3 millions de dollars sera notamment allouée à la région sahélienne du Liptako-Gourma, à cheval sur le Mali, le Burkina-Faso et le Niger, dévastée par des attaques jihadistes.
Le Japon a aussi décidé de nommer un ambassadeur pour la Corne de l’Afrique, où “la situation se dégrade”, a noté Fumio Kishida, avec un afflux de réfugiés et des pénuries alimentaires.
“Le continent africain continue de souffrir, on y a vu des actes répétés de violence. Tristement en Libye, la situation s’est enflammée de nouveau hier”, a abondé devant les médias le président tunisien Kaïs Saïed, hôte du sommet.
Comme Macky Sall, Kaïs Saïed a réclamé “une nouvelle approche” internationale pour l’aide au développement à l’Afrique, pour les pays très endettés (comme la Tunisie) et à transformer “les dettes en investissements”.
Impact de la guerre en Ukraine
Il a regretté l’émigration des ressources humaines du Sud vers le Nord, après un “pillage” des ressources des pays africains, “de l’extérieur et de l’intérieur du fait souvent de leurs propres dirigeants”.
Macky Sall a évoqué “un rééchelonnement ou effacement des dettes” et réitéré la demande africaine d’une “réallocation de droits de tirage spéciaux” du FMI, et “la mise en œuvre de la suspension du service de la dette” (remboursement des intérêts) promise par le G20, groupement des 20 premières économies mondiales.
“Face à la double crise que nous traversons”, sous l’effet du Covid et de la guerre en Ukraine, il a jugé ces mesures nécessaires “pour accompagner la relance de nos économies”.
La Déclaration de Tunis, adoptée dimanche, a exprimé une “profonde inquiétude” face à l’impact de la guerre en Ukraine qui a “créé une insécurité alimentaire en Afrique”. Les dirigeants y appellent à “une reprise des exportations de céréales, produits agricoles et engrais” vers l’Afrique.
La Déclaration reprend les trois grands axes de coopération du Japon avec l’Afrique : une accélération de la croissance avec des investissements dans l’économie verte et les starts-ups, une “économie résiliente” avec un soutien à la production de médicaments et vaccins et la sécurité alimentaire et “la paix et la sécurité” en soutenant les médiations et la prévention des conflits.
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