Le secrétaire d’Etat américain était ce jeudi (11.08) au Rwanda pour la dernière étape de sa tournée en Afrique, après l’Afrique du Sud et la RDC.
Antony Blinken exprimait les “graves inquiétudes” de Washington en matière de droits de l’homme dans le pays.
“Comme je l’ai dit au président Kagame, nous pensons que les gens dans tous les pays devraient pouvoir exprimer leurs opinions sans peur d’intimidation, d’emprisonnement, de violence ou de tout autre forme de répression. ”
Espoirs de libérations
La militante rwandaise des droits de l’homme et activiste, Clarisse Ariane Mukundente, doute que la situation des droits de l’Homme dans son pays soit résolue par la visite d’Antony Blinken :
“Je ne sais pas si ça va changer quelque chose parce que chaque année, il y a des rapports sur les droits de l’homme des organismes des droits humains au Rwanda et cela ne change rien. Mais avec le poids des Etats-Unis peut-être y aura-t-il un impact ? ”
Des doutes que partage aussi l’éditorialiste et consultant en communication, Placide Muhigana pour qui le Rwanda “ne va pas du jour au lendemain réagir à ce que Blinken ou un autre dit. En revanche, en interne, il peut y avoir certains changements, comme des libérations, je ne parle pas de Paul Rusesabagina mais d’autres personnes, par exemple, des blogueurs et des journalistes qui sont en détention. ”
Concernant Paul Rusesabagina, il affirme que “si les Etats Unis font de grandes pressions pour Rusesabagina, il se pourrait que, pour des raisons humanitaires dans quelques temps, quelques années, ça se passe mais je ne pense pas que sur ce point, il y aura un changement. ”
Une alliance puissante
Placide Muhigana ajoute que les responsables américains ont plus ou moins choisi d’ignorer les préoccupations concernant les droits humains. Celui-ci estime en effet que Washington est plus enclin à considérer le soutien de Paul Kagame aux missions de maintien de la paix de l’Onu :
“Les Etats Unis ne vont pas remettre en cause leur alliance avec le Rwanda à cause des droits de l’Homme et de Paul Rusesabagina. Le Rwanda a intérêt à avoir de bonnes relations avec son puissant allié et vice-versa. Le Rwanda est quand même utile au camp occidental puisqu’il intervient beaucoup dans les missions des Nations unies. ”
Pour l’éditorialiste, le maintien de la sécurité sur le continent africain passerait donc avant les droits de l’homme, mais aussi avant les violences dans l’est de la RDC. Ce qui est paradoxal car dans ce dernier cas, c’est le Rwanda qui est accusé de menacer la sécurité de la région.
DW