Après l’étape congolaise de sa tournée africaine, le secrétaire d’état américain sera au Rwanda du 10 au 12 août. Sa visite se déroule dans un contexte de tension accrue entre Kigali et Kinshasa.
Anthony Blinken est arrivé à l’aéroport de Ndjili à Kinshasa, où il a été accueilli par le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula.
La question du groupe rebelle M23 et des tensions accrues entre la RDC et le Rwanda ont été à l’agenda des discussions entre le chef de la diplomatie américaine et le président congolais Félix Tshisekedi.
S’agissant du contexte, il est bon de rappeler que, selon Jason Stearns, chercheur et fondateur du Groupe de recherche sur le Congo, la politique étrangère américaine a changé au cours de la décennie passée.
Les Etats-Unis ont été proches du président rwandais Paul Kagamé par le passé mais depuis quelques années, les relations se sont détériorées. L’incident qui a changé la donne, c’est la rébellion du M23 en 2012-2013. Le gouvernement américain à l’époque avait fait pression sur celui de Paul Kagamé pour qu’il cesse son appui au M23. Le président Barack Obama avait même appelé son homologue rwandais pour insister sur ce point.
Jason Stearns rappelle qu’aujourd’hui, l’administration Biden est sur la même ligne : le Rwanda ne peut plus présumer qu’il puisse bénéficier du soutien tacite ou explicite du gouvernement à Washington.
“Je pense que, compte tenu de ces déclarations et celles faites par le département d’Etat, il va certainement insister pour que le soutien du Rwanda envers le M23 cesse. Il n’en demeure pas moins qu’il reste une question : est-ce qu’il le fera en public ou en privé ? J’ai plutôt l’impression qu’il le fera en privé, mais il va insister là-dessus. Est ce qu’ils vont aller au-delà des discours pour imposer des sanctions ? Je doute qu’ils le feront”, souligne le chercheur.
Le chef du département d’Etat américain devrait appeler à sa libération. Une libération qui reste très attendue dans la famille Rusesabagina, comme le rappelle sa fille Carine Kanimba. “Le Secrétaire d’Etat américain sera au Rwanda, à quelques kilomètres de l’endroit où notre père est injustement détenu et rencontrera le président qui a ordonné son arrestation et son procès dans des circonstances brutales. Nous sommes convaincus que si la relation des Etats-Unis avec le Rwanda est suffisamment forte pour mériter une coopération financière et de confiance, elle l’est aussi pour faire pression en faveur de la libération de notre père pour des raisons humanitaires”, a confié Carine Kanimba à la Deutsche Welle.
Autres sujets sensibles
Pour Human Rights Watch (HRW), cette visite devrait être l’occasion de mettre en évidence les violations systématiques des droits de l’Homme, y compris la répression des opposants, de la société civile, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières du Rwanda.
HRW estime que le secrétaire d’Etat américain devrait faire pression sur les autorités rwandaises pour qu’elles libèrent les opposants qui ont été emprisonnés pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.
DW