Le mandat de la Minusma a été reconduit il y a un peu plus d’une semaine. Un an de plus pour la mission onusienne de maintien de la paix, qui soutient le pays depuis 2013, mais ce renouvellement s’est effectué dans des conditions plus qu’inhabituelles puisque le pays hôte, le Mali donc, a ouvertement affiché son mécontentement et prévenu qu’il ne respecterait pas certaines dispositions : celles, notamment, sur les enquêtes de la mission onusienne concernant les droits de l’homme. Jeudi 7 juillet, le chef de la Minusma, le Mauritantien El-Ghassim Wane, s’est exprimé sur le sujet devant la presse.
Bamako le dit à présent officiellement : plus question de laisser la Minusma aller enquêter librement sur les exactions commises dans le pays, par les groupes jihadistes ou par l’armée malienne. Ces derniers mois, les enquêteurs de la section droits de l’homme de la mission onusienne n’ont pas été autorisés à se rendre à Moura, ni dans plusieurs autres localités où l’armée malienne est visée par des allégations d’exactions. Question de souveraineté nationale, selon Bamako.
« Notre travail ne peut être mené à bien qu’avec la coopération et le soutien des autorités maliennes, explique El-Ghassim Wane, le chef de la Minusma. Il nous appartient donc, au-delà des incompréhensions qui peuvent surgir, de nous assurer que ce mandat puisse être mis en œuvre de manière effective et intégrale. C’est tout le sens du dialogue que nous entretenons avec les autorités maliennes et j’ai bon espoir que nous parviendrons à trouver le modus vivendi qui nous permettra de mener à bien le mandat qui nous a été donné par le Conseil de sécurité. »
Déjà déployés dans le Centre depuis janvier dernier, les supplétifs russes des FAMa (Forces armées maliennes) -mercenaires du groupe Wagner selon les uns, simples « instructeurs » selon les autres – prennent position dans les bases du Nord que quitte la force française Barkhane, dont le retrait sera achevé d’ici à la fin de l’été. Pour la première fois, El-Ghassim Wane commente cette nouvelle présence russe.
« Deux aspects sont fondamentaux : le premier, évidemment, est de pouvoir rendre compte de toutes les violations des droits de l’homme, quels qu’en soient les auteurs. Et le deuxième élément important est lié à la nécessité de la liberté de mouvement pour nous permettre d’exécuter notre mandat, en appui aux autorités maliennes et au service des populations maliennes. »
La Minusma doit évaluer son nouveau contexte d’intervention et ses nouveaux besoins d’ici janvier prochain. Déjà, El Ghassim Wane lance un appel aux pays contributeurs pour renforcer ses moyens aériens.
« Nous avons intensifié les efforts visant à mobiliser les moyens manquants, notamment en termes d’hélicoptères. Nous avons un manque criant d’hélicoptères à la fois armés et de transport. Et il y a un effort renouvelé pour essayer de mobiliser ces moyens auprès des pays contributeurs de troupes et de personnel de police. Je voudrais saisir l’occasion pour lancer un appel à tous les pays en mesure de le faire pour nous permettre de disposer rapidement de ces moyens cruciaux… »
SUNU Afrik