Une opération de l’OTAN «pas exclue» au Mali : Bamako dénonce des déclarations espagnoles

Le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop, en novembre 2017 à Washington (image d'illustration).

L’ambassadeur d’Espagne a été convoqué par le gouvernement malien après des propos du chef de la diplomatie espagnol, qui a déclaré «ne pas exclure» une intervention militaire de l’OTAN dans le pays, sur fond de problèmes migratoires et terroristes.

«Nous avons convoqué aujourd’hui l’ambassadeur d’Espagne au niveau du ministère des Affaires étrangères pour élever une vive protestation par rapport à ces propos», a déclaré le soir du 1er juillet le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lors d’un entretien à la télévision nationale.

Ces propos sont inacceptables, inamicaux, graves [parce qu’]ils tendent à encourager une agression contre un pays indépendant et souverain

En cause : la veille, le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, avait déclaré en marge du sommet de l’Alliance qui se tenait à Madrid : «Nous ne l’excluons pas», à propos d’une intervention de l’OTAN au Mali, précisant : «Si cela [les problèmes liés à l’immigration clandestine et au terrorisme au Mali] représentait une menace pour notre sécurité, nous le ferions.»

Ces propos sont inacceptables, inamicaux, graves [parce qu’]ils tendent à encourager une agression contre un pays indépendant et souverain», a estimé le ministre des Affaires étrangères malien. «Nous avons demandé des explications, une clarification de cette position au gouvernement espagnol. Nous espérons que cela va venir assez rapidement», a ajouté Abdoulaye Diop. Et de souligner : «Le ministre doit se rappeler que la situation actuelle d’insécurité et d’expansion du terrorisme au Sahel est surtout liée à l’intervention de l’OTAN en Libye, dont nous payons encore les conséquences.»

La nouvelle feuille de route de l’OTAN évoque pour la première fois l’«intérêt stratégique» que revêtent pour elle le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Sahel, ainsi que, notamment, les menaces que constituent le terrorisme et l’immigration illégale.

L’Espagne avait fait de la prise en compte des menaces sur le flanc sud sa grande priorité pour ce sommet. Madrid craint en particulier que l’instabilité au Sahel, où plusieurs groupes djihadistes sont très actifs, n’entraîne une augmentation de l’immigration clandestine.

Située à quelques kilomètres des côtes africaines, l’Espagne est devenue l’une des principales portes d’entrée de l’immigration illégale en Europe.

Le Mali est plongé dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012 dans le nord. La propagation djihadiste a gagné le centre et les pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

 Source: Rt