Le 22 juin dernier, le concert de casseroles et de klaxons a retenti pendant plusieurs minutes dans de nombreux quartiers de Dakar à un rythme ascendant.
Les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi qui avaient initié cette forme de manifestation pacifique, même si elle est déjà utilisée dans certains pays comme le Chili, aura fait ses effets à la première phase.
Ousmane Sonko, dénonçant avec ses camarades de même camp, l’autorité interdisant leur manifestation du 17 juin dernier, se tournent vers la ‘désobéissance civile ‘. Il s’agit donc pour la plupart des militants adhérant à la cause de Yewwi Askan Wi, de prendre 10 bonnes minutes pour faire du bruit et montrer leur désaccord sur la gouvernance de Macky Sall.
À l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar par exemple, dans l’hyper centre, et dans plusieurs quartiers résidentiels de la capitale sénégalaise, des habitants de tous les âges sont sortis à 20 heures dans la rue ou se mettre sur leur balcon, tapant sur leurs ustensiles de cuisine pour faire un maximum de bruit. Même Mbacké, à plusieurs kilomètres de Dakar, la consigne a été suivie avec notamment du bruit qui avait duré plusieurs minutes. Après cette réussite de la coalition Yewwi Askan Wi dans la première phase de ce concert de casseroles, la conférence des leaders a voulu remettre ça ! En effet, au cours de leur conférence de presse tenue hier après l’interdiction de manifester du préfet de Dakar, Ousmane Sonko annonce une deuxième phase du concert des casseroles. « Nous avons remarqué que cette forme de protestation a été bien suivie et elle est tout sauf violente. Nous allons l’organiser ce jeudi, mais cette fois-ci, pour 30 mn », avait annoncé hier le leader de Pastef les Patriotes. Cette annonce est d’ailleurs faite après avoir reporté leur manifestation du 29 juin tenant compte de l’intervention d’hommes religieux, coutumiers, d’hommes d’affaires et même des populations concentrées sur les préparatifs de la Tabaski, et du Hajj entre autres. Se rabattre sur une nouvelle phase de concert de casseroles semble donc être pertinent pour Ousmane Sonko et Cie. Mais produira-t-elle ses effets comme celle précédente ? Le moment sera-t-il approprié pour inviter les sénégalais à y participer massivement ? La réponse semble toute trouvée.
Ce jeudi, aux environs de 20h déjà, l’ampleur qui avait été notée sur les réseaux sociaux lors de la première phase n’a pas été la même que celle de ce jeudi. Des quartiers comme Ouest Foire, Yoff, de même qu’à Nord Foire, le mot d’ordre de l’opposition a été largement suivi. Dans plusieurs localités de la capitale sénégalaise, on entendait beaucoup de bruit venant des klaxons, des ustensiles, et d’autres objets susceptibles de produire du bruit comme l’avait suggéré l’initiateur, Ousmane Sonko durant une quinzaine de minutes, ont pollué l’atmosphère de ce paisible quartier.
A Sacré cœur, dans la commune de Barthélémy Dias, l’ambiance n’a pas été au rendez-vous. Quelques personnes, au compte-gouttes, se montrent parfois avec leur ustensiles vibrant au rythme moins cadencé. Même scénario à Rufisque, notamment dans des quartiers comme Hlm, le rond point Djouti etc. À Mbacké, le timing prévu avait été dépassé car, la population était étroitement imprégnée dans cette forme de combat qui était nouvelle pour certains.
À Guédiawaye, 10 mn après le début du concert des casseroles, l’ambiance n’a pas pu perturber le discours de la ministre de la microfinance qui était dans un quartier populaire pour le financement de groupements de femmes dans les 14 marchés du département. À Pikine, quelques enfants avoisinant une dizaine d’années arpentent les rues de certains quartiers tapant tantôt dans des bols tantôt des pots de lait. Toutefois, le bruit reste toujours différent au constat de la semaine dernière. Mais qu’est ce qui a conduit à ce flop ? Ousmane Sonko et Yewwi Askan Wi ont-ils commis une erreur en choisissant cette période assez particulière au regard de la Tabaski qui approche ? Une question qui peut trouver son sens en écoutant certains sénégalais qui la trouvent bien fondée. Mais il faudrait également se demander si cette méthode de lutte n’est pas pour les populations lassante ? Peut-elle chaque semaine par exemple s’adonner à ce rythme ?
Des questions que les membres de la coalition Yewwi Askan Wi doivent bien étudier pour ne pas revivre pire que le constat de ce jeudi.
SUNU Afrik