Le Musée ethnologique de Berlin a annoncé mardi la remise à la Namibie d’une vingtaine d’objets anciens sous forme d’un prêt à durée indéterminée, dans le cadre de sa réévaluation des oeuvres pillées pendant l’ère coloniale.
Les 23 artefacts seront remis vendredi au Musée national de Namibie, où ils pourront être étudiés par des artistes et chercheurs locaux, a précisé le musée berlinois lors d’une conférence de presse.
Choisis par des experts namibiens, ils comprennent notamment un récipient orné de trois têtes, une poupée portant une robe traditionnelle, divers accessoires pour cheveux ainsi que des lances.
Il s’agit d’une étape dans le processus de réévaluation « de la longue et complexe histoire entre la Namibie et l’Allemagne », a jugé Esther Moombolah, directrice du musée national de Namibie lors de cette conférence.
« Nous appelons tous nos partenaires futurs à suivre l’exemple de cette institution », a-t-elle ajouté, estimant que les Namibiens « ne devraient pas avoir à prendre l’avion pour voir nos trésors culturels (…) » conservés par des musées à l’étranger.
La Fondation du patrimoine culturel prussien (SPK), qui chapeaute les musées berlinois, n’a pas expliqué pourquoi ces objets n’étaient pas tout simplement restitués, son président Hermann Parzinger faisant juste savoir que le prêt était « la voie qui avait été décidée ».
« Les objets qui devraient être en Namibie vont y rester », a-t-il toutefois assuré.
Le Musée ethnologique travaille depuis 2019 avec le Musée namibien afin de déterminer le sort de centaines pièces originaires de ce pays d’Afrique du sud figurant dans ses collections.
Cette initiative s’inscrit dans une série de mesures récentes prises par l’Allemagne pour tenter de se confronter aux crimes de la période coloniale, comme la reconnaissance officielle l’an passé du génocide qu’elle a perpétré en Namibie.
Bien que moins vaste que ceux de la France et de la Grande-Bretagne, l’empire colonial allemand englobait des parties de plusieurs pays africains, dont la Namibie, le Cameroun et le Togo.
En Namibie, l’Allemagne fut responsable des massacres des peuples indigènes Herero et Nama, ce que de nombreux historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle.
Le Musée ethnologique de Berlin a également conclu un accord l’an passé avec le Nigeria portant sur la restitution à partir de 2022 des Bronzes du Bénins, joyaux de sa collection.
Ces plaques de métal et les sculptures réalisées du XVIe au XVIIIe siècle décoraient autrefois le palais du royaume du Bénin, aujourd’hui le Nigeria.
Source : SUNU Afrik