Coopération culturelle : l’Allemagne et le Burkina célèbre la danse contemporaine

Koffi AFIADEGNIBAN

 

L’Allemagne à travers le Goethe-Institut célèbre la danse chorégraphique en portant un projet artistique de 2020 à 2021 dans le domaine de la danse contemporaine. Le projet est chapeauté par le Tanzhaus Düsseldorf en Allemagne et le Centre de Développement Chorégraphique CDC-La TERMITIÈRE du Burkina Faso avec pour objectif de suivre deux jeunes danseurs pour réaliser leurs projets chorégraphiques. Les pièces finales ont été présentées avec succès à Ouagadougou au CDC-La TERMITIÈRE en présence de Wolfram VETTER, Ambassadeur de l’Union Européenne au Burkina Faso et du Directeur du Goethe-Institut Martin POCKRANDT et plus d’une centaine de spectateurs.

La danse tonifie le corps et muscle le dos pour maintenir l’être humain en parfaite santé afin qu’il ait un équilibre d’esprit et de chair. Rythme entraînant, pas cadencés, mouvements répétitifs (…), la danse a ses propres règles à respecter et c’est la raison pour laquelle il faille approcher un chorégraphe artistique et professionnel pour avoir plus d’enseignement. C’est un sport complet qui améliore la coordination motrice et stimule la circulation sanguine, doit-on insister sur les vertus de la danse ? Grâce à elle, exit le mal de dos et les jambes lourdes entre autres.

Ce projet artistique porté par Tanzhaus Düsseldorf et le CDC-La TERMITIÈRE, a duré plus d’une année et a fourni de l’expertise technique aux danseurs sélectionnés afin de leur permettre d´embrasser leurs carrières artistiques avec sérénité. Il a eu pour objectif, l’accompagnement des jeunes danseurs contemporains afin qu’ils soient compétitifs sur le marché culturel au plan national et international. Selon le directeur fondateur du CDC-la termitière Salia SANOU, « Ce projet consiste à accompagner des jeunes chorégraphes pour leurs premiers projets chorégraphiques afin de leur permettre une réinsertion dans le milieu   professionnel ».

Pour sélectionner les meilleurs danseurs pour ce projet, le déroulement s’est fait en plusieurs étapes à travers le coaching et les conseils artistiques. Les deux danseurs désignés ont ainsi bénéficié de séances de mentoring avec Fabien Prioville de l’Allemagne qui apprécie la thématique. « Avec Olivier et Koffi, ce qui était intéressant, c’est leur thématique de travail qui était assez extérieure à ce que les créateurs en Europe proposent ».  

La danse contemporaine au pays des Hommes intègres brille de tous les feux depuis toujours même si la simple évocation « danse africaine » dite contemporaine a donné voie à des controverses variées, elle révèle des talents que les professionnels détectent. Pour ce projet artistique de danse, ce sont le Tanzhaus Düsseldorf, le CDC la termitière et le Goethe-Institut qui ont de façon triangulaire mutualisé les efforts pour la réussite du projet en faveur de jeunes danseurs chorégraphe.

Le choix de Koffi et Olivier n’est donc pas fortuit « Ce sont des jeunes rigoureux sur leur travail et pétris de talent. C’est pour dire comment ils ont mérité d’être retenus dans le cadre du projet Tanzlabor », indique Salia Sanou un des mentors des deux artistes chorégraphes.

Koffi AFIADEGNIBAN et Olivier Kiswinsida GANSAORE sont tous les deux des artistes danseurs interprètes. La première thématique abordée évoque les difficultés des enfants des familles polygames. C’est d’ailleurs la pièce maîtresse de Koffi, lui qui est issu d’une famille polygame de 5 femmes et de 23 enfants. La pièce  « La quatrième  »  raconte les difficultés de cette vie de famille. « C’est une reconnexion avec mon enfance et c’est un rituel d’exorcisme qui me permet de me libérer des vieux démons mais aussi de faire de moi un porte-voix de tous ces enfants qui n’ont pas choisi de naître dans une famille polygame. Je ne pouvais pas m’imaginer être accompagné dans ce projet si je n’étais pas danseur. », explique-t-il.

Olivier k.GANSONRE

Le deuxième solo est d’Olivier Kiswinsida GANSAORE, intitulé ” Remember acte 01″. A travers cette création sur scène, le danseur s’interroge sur l’humanisme et les gestes de salutations. « La salutation en Afrique comme je l’évoque dans mon solo n’est pas seulement un simple geste de politesse. C’est une occasion de montrer son affection, sa considération et sa disponibilité envers son prochain. C’est un rituel d’apparence banale qui va au-delà de la politesse puisqu’elle sert à renforcer le tissu social et les liens de solidarité », explique le danseur. Mais, il reste cependant a déploré que ces rituels de salutations sont de moins en moins pratiqués dans les sociétés Africaine. C’est d’ailleurs ce qui peux expliquer des situations comme l’individualisme, l’égoïsme et le communautarisme. Une conséquence sans doute aussi de l’abandon des valeurs d’humanisme. « Cette création contemporaine a pour objectif d’inspirer une réflexion sur les principes fondamentaux du vivre ensemble », a ajouté Olivier GANSAORE.

CE PROJET A ETE SOUTENU  PAR LE GOETHE-INSTITUT BURKINA FASO

Koffi et Olivier ont donc eu cette chance de bénéficier de ce projet grâce à leurs thématiques assez universelles et par leur dévouement. Cette discipline artistique il faut le souligner n’est pas assez encourager au Burkina Faso par les institutions locales. Et si le Goethe-Institut décide d’apporter son soutien c’est qu’il a pris connaissance des réalités des artistes chorégraphes qui peinent à faire de l’exploit dans leur discipline. Ce soutien tient aussi tout son sens dans le renforcement des échanges interculturels.   

« Le Goethe-Institut a décidé d’accompagner ce projet dans le but d’encourager ces deux jeunes danseurs du Burkina Faso et du Togo, afin qu’ils tirent une plus-value de cette formation. Ce projet est très capital pour le Goethe-Institut, parce que nous croyons que c’est dans l’échange que la culture s’épanouit le mieux. C’est aussi l’un des objectifs des 158 Goethe-Institut répartis dans 98 pays dans le monde », a souligné Martin Pockrandt, directeur du Goethe-Institut à Ouagadougou.

Koffi et Olivier ont un objectif commun : présenter leurs deux spectacles dans les Goethe- Institut d’Afrique et aussi toujours en collaboration avec le Tanzhaus Düsseldorf avoir une possibilité de montrer les solos en Allemagne. « Nous souhaitons que ces spectacles soient programmés à des festivals en Europe où le Goethe-Institut est partenaire. Cela va occasionner sans doute des débouchés sur une collaboration surtout avec des artistes allemands », ont laissé entendre les deux artistes chorégraphes.

Notons que les pièces de danse de ces deux jeunes chorégraphes ont été déjà jouées au CDC-La Termitière, à Bobo-Dioulasso, à Abidjan et sont d’office programmées au Festival Dialogue de Corps prévu en décembre prochain à Ouagadougou.

Charles BAKO