Mali : la junte donne 72 heures à l’ambassadeur de France pour quitter le pays

Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations «hostiles» de responsables français à leur encontre.

Les autorités maliennes dominées par les militaires ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade de la brouille entre Bamako et Paris, a annoncé lundi 31 janvier la télévision d’État.

«Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale (et) qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», a annoncé un communiqué lu par la télévision d’État. Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations «hostiles» de responsables français à leur encontre.

Un durcissement des tensions

Cette convocation marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n’ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. La ministre française des Armées Florence Parly a déclaré le 25 janvier que la junte multipliait «les provocations». Son collègue français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la junte d’«illégitime» et ses décisions d’«irresponsables», après que les autorités maliennes eurent poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.

L’expulsion de Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, «fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées», dit le communiqué lu à la télévision malienne, canal de communication privilégié des autorités.

«Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations», ajoute le texte, dans lequel Bamako «réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence». Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop avait prévenu vendredi que son pays n’excluait «rien» dans ses relations avec la France.