La France et l’UE viennent de confirmer qu’elles soutiennent la décision de l’instance régionale, la CEDEAO, pour les sanctions infligées au Mali.
«Nous soutenons» les mesures diplomatiques et économiques prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à l’encontre du Mali, a déclaré Emmanuel Macron, le chef de l’État français au cours d’une conférence de presse à l’Élysée avec le président du Conseil européen, Charles Michel.
La CEDEAO, le principal bloc régional d’Afrique de l’Ouest, a décidé de fermer les frontières de ses États membres avec le Mali et d’imposer des sanctions économiques en réponse au retard pris dans la tenue des élections après une transition de 18 mois. Une décision que le gouvernement malien a aussitôt dénoncé.
La réaction du gouvernement malien aux sanctions
Le gouvernement malien a condamné ce qu’il a qualifié de sanctions « illégales et illégitimes » imposées au pays par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 9 janvier en raison d’un retard potentiel dans le retour du pays à un régime civil.
Dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision publique ORTM, le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga, a déclaré que « le Mali condamne fermement ces sanctions illégales et illégitimes ».
« Ces mesures contrastent avec les efforts déployés par le gouvernement et sa volonté d’engager le dialogue pour parvenir à un compromis avec la CEDEAO sur le calendrier des élections au Mali », indique le communiqué.
Il a ajouté que les sanctions de la CEDEAO violaient les traités et statuts régionaux.
Quelles sont les sanctions imposées par la CEDEAO ?
Les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont adopté des sanctions sévères contre le Mali, le dimanche 9 janvier, en raison de l’incapacité de la junte au pouvoir à respecter la date limite prévue, en février, pour la tenue d’élections visant à rétablir un régime civil.
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont décidé de geler les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l’organisation, mais aussi de suspendre les transactions avec Bamako, à l’exception des produits médicaux et des produits de première nécessité.
La CEDEAO a également décidé de retirer les ambassadeurs de tous les pays membres du Mali ainsi que d’autres sanctions concernant l’aide financière.
L’organisation régionale a tenu un sommet extraordinaire à Accra, au Ghana, et a entériné les décisions prises par l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) quelques heures plus tôt.
Quelles conséquences sur les militaires au pouvoir ?
Le durcissement de ton du bloc sous régional met les autorités maliennes de la transition dos au mur selon Ibrahima Kane chargé de programme à Open Society Initiative for West Africa (Osiwa) et spécialiste des questions politiques en Afrique de l’Ouest.
Selon le spécialiste, ce bras de fer des militaires avec l’organisation sous-régionale risque de tourner en défaveur de celle-ci. Le Mali, étant un pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, une fermeture des frontières risque d’être durement ressenti par ce pays qui fait déjà face à une insécurité au nord et au centre du pays.
»Si les mesures économiques font leur effet, les militaires n’auront pas le choix. Il faudra payer les salaires payer les salaires, mener des transactions commerciales et si toutes ces transactions ne seront pas possible, les militaires seront dans une situation difficile. Ils seront obligés de revenir à de meilleur sentiment et d’accepter les propositions de la CEDEAO », explique Ibrahima Kane à la BBC.
Que disent les autorités maliennes à propos des élections ?
Les autorités maliennes ont notifié à la CEDEAO qu’elles sont dans l’incapacité d’organiser des élections présidentielle et législatives en février 2022, comme la junte s’y était préalablement engagée. Une transition pouvant aller jusqu’à cinq ans est proposée.
Le gouvernement malien invoque l’insécurité persistante dans le pays dont une grande partie du territoire échappe au contrôle des autorités.
Le mois dernier, plus d’une douzaine de pays occidentaux ont condamné ce qu’ils ont appelé le déploiement de mercenaires russes au Mali.
La France est en train de réduire ses 5 000 soldats dans la région, considérés comme essentiels dans la lutte contre les insurgés islamistes au Sahel.