Après une nouvelle attaque aérienne meurtrière contre un camp de déplacés, les organisations humanitaires ont suspendu leurs activités dans le nord-ouest de la région du Tigré, dimanche, a annoncé l’ONU. Le raid, mené deux jours auparavant dans la ville de Dedebit, a “fait des dizaines de victimes civiles, dont des décès”.
Les organisations humanitaires ont suspendu leurs activités dans le nord-ouest de la région éthiopienne en guerre du Tigré après une attaque aérienne meurtrière contre un camp de déplacés, a annoncé l’ONU, dimanche 9 janvier.
“Les partenaires humanitaires ont suspendu leurs activités dans la région en raison des menaces continues de frappes de drones”, a déclaré à l’AFP le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
Selon les informations préliminaires d’Ocha, l’attaque, menée vendredi vers minuit dans la ville de Dedebit, a “fait des dizaines de victimes civiles, dont des décès”.
Les rebelles tigréens ont accusé, samedi, le gouvernement d’avoir mené une attaque de drone ayant tué selon eux 56 personnes, tandis qu’un responsable du principal hôpital de la région a fait état de 55 morts et 126 blessés.
Mais il était impossible de vérifier ces affirmations de manière indépendante, l’accès au Tigré étant très restreint et les communications coupées dans cette région.
Les responsables du gouvernement éthiopien n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP concernant cette attaque.
Selon Ocha, le manque de fournitures essentielles, en particulier de matériel médical et de carburant, “perturbe gravement la réponse aux blessés et a conduit à l’effondrement presque total du système de santé au Tigré”.
“L’intensification des frappes aériennes est alarmante, et nous rappelons une fois de plus à toutes les parties au conflit qu’elles doivent respecter leurs obligations en vertu du droit humanitaire international”, a ajouté l’agence onusienne.
L’attaque a eu lieu au moment où le gouvernement éthiopien annonçait l’amnistie de plusieurs hauts responsables du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et d’autres dirigeants de l’opposition, lançant un appel à la “réconciliation nationale”.
Le TPLF a pris les armes depuis que le Premier ministre, Abiy Ahmed, a envoyé, en novembre 2020, l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales – issues du TPLF – qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.
Le conflit a fait des milliers de morts. Le Tigré, soumis selon l’ONU à un “blocus de facto” de l’aide humanitaire.
Les rebelles se sont repliés fin décembre dans leur fief du Tigré face à une offensive militaire des forces gouvernementales, qui ont repris le contrôle d’une série de villes stratégiques.
Les affrontements avaient connu une accalmie depuis la retraite du TPLF, bien que les rebelles accusent le gouvernement de continuer à mener des frappes meurtrières de drones sur le Tigré.
Trois autres personnes ont été tuées dans un raid aérien sur un camp de réfugiés de la région, avait rapporté l’ONU cette semaine.
Le bureau des affaires africaines du département d’État américain a qualifié ces attaques d'”inacceptables”, appelant sur Twitter “à la fin immédiate des hostilités, au lancement rapide d’un dialogue national inclusif et à un accès sans entrave pour que l’aide puisse atteindre toutes les communautés éthiopiennes dans le besoin”.