Mercredi, l’ambassadeur du Niger à l’ONU et président du Conseil de sécurité de l’ONU, Abdou Abarry, est allé à contre-courant du Conseil de sécurité de l’ONU, estimant que la Libye n’était pas prête pour tenir des élections dans des conditions optimales.
C’est assez rare à l’ONU pour être noté. Alors que la communauté internationale pousse pour que le scrutin présidentiel en libye – prévu le 24 décembre – ait lieu coute que coute, l’ambassadeur du Niger Abdou Abarry, alors qu’il prenait son poste de président du Conseil, a déclaré que les conditions pour organiser un scrutin présidentiel en Libye n’étaient pas « pour le moment, réunies ».
« Si la volonté de la communauté internationale, c’est encourager et de dire que, coûte que coûte, il faut aller à des élections quelles que soient leurs qualités, à cela en tant que Niger, je peux vous dire que les conditions d’élections libres, crédibles, démocratiques, consensuelles, qui vont être un maillon important pour le retour de la paix, de la stabilité en Libye, ne sont pas, pour le moment, réunies », a-t-il déclaré.
Le Nigérien, qui a pris au mois de décembre la présidence du Conseil, s’est rangé du côté des différentes autorités nigériennes qui estiment également que le pays n’est pas prêt pour tenir des élections dans de bonnes conditions le 24 décembre prochain.
« Les combattants étrangers sont toujours en Libye. Il n’y a pas véritablement une réunification en termes des forces en présence. Donc, cela est un point de vue, pas du Conseil de sécurité, mais c’est une analyse que nous faisons : la situation n’est pas assez mature, assez mûre pour permettre ce type d’élections qui peuvent mener à une stabilité pérenne et à une sécurité en Libye », argumente-t-il.
« Nous voulons que ces élections fassent partie de la solution et non du problème », a déclaré de son côté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. « Et donc, nous ferons tout pour faciliter un dialogue, permettant de résoudre les questions qui subsistent encore (…) qui pourraient diviser la Libye », a-t-il ajouté.
Outre les membres de l’ONU, de nombreux observateurs estiment que ce scrutin n’est pas réaliste étant donné que la liste définitive des candidats n’est toujours pas arrêtée. Et que la sécurité dans le pays reste précaire malgré la signature d’un cessez le feu il y a un an. De plus, ce scrutin ne serait pas percu comme crédible par une majorité des libyens, mettent en garde ces observateurs, et risqueraient de diviser encore plus le pays, plutôt que de le stabiliser.