En République centrafricaine, le Ministre de l’Élevage et ancien coordinateur politique de la rébellion de l’UPC a été arrêté le vendredi 19 novembre, et inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par la Cour pénale spéciale. L’arrestation d’Hassan Bouba, qui avait désarmé et joué le rôle de médiateur, soulève de nombreuses questions.
L’arrestation du Ministre de l’Elevage a incité les jeunes Centrafricains à manifester plusieurs fois devant le bâtiment de la Cour pénal spécial, à partir du samedi 20 novembre. Les gens qui ne connaissent pas la situation sociopolitique de la République centrafricaine seraient surpris de la réaction de la jeunesse centrafricaine à cette arrestation d’Hassan Bouba, qui était affilié au groupe armé de l’UPC et à son ancien chef Ali Darassa.
Depuis 2017, le commerçant en bétail, Hassan Bouba, a devenu coordinateur politique d’un groupe armé, a commencé à médiatiser la communication entre différentes forces, y compris les groupes armés et le gouvernement, qui luttaient à l’époque pour forger un accord de paix pour mettre fin au cycle de violence dans la République.
En 2020, il rejoint le gouvernement de Firmin Ngrébada en tant que représentant de l’UPC dans le cadre des accords de paix de Khartoum signés l’année précédente. Mais sa nomination a été faite contre l’avis du chef de l’UPC, dont il avait perdu la confiance. Le fossé entre Ali Darassa et Hassan Bouba a commencé à se creuser : le dirigeant de l’UPC cherchait plus de pouvoir et d’indépendance vis-à-vis des autorités de l’État, tandis que Hassan Bouba coopérait avec le gouvernement pour parvenir à la paix et à la stabilité tant attendues dans le pays.
« Arrêtez Ali Darassa et non Hassan Bouba », tel était le message que l’on pouvait lire sur les pancartes entre les mains des manifestants qui se tenaient devant le bâtiment de la CPS le 23 novembre. La question se pose, pourquoi c’est Bouba qui a été arrêté et qui se cache derrière cette arrestation ? Étant donné que les représentants du gouvernement n’ont pas commenté la question, il est clair que la situation est délicate.
Le fait que Hassan Bouba ait coopéré avec les autorités de l’État et exhorté de nombreux militants de l’UPC à déposer les armes en fait l’adversaire évident d’Ali Darassa. En décembre 2020, Ali Darassa a rejoint la coalition de groupes armés (connue sous le nom de la CPC) dirigée par l’ancien président François Bozizé, qui a tenté de perturber le processus électoral. La CPC a échoué en raison de la forte réponse des forces de défense et de sécurité soutenues par les partenaires internationaux de la République, tels que la Russie et le Rwanda. Maintenant, du fait que la plupart des territoires de la République centrafricaine sont sous le contrôle de la force gouvernementale, les groupes armés et leurs dirigeants, y compris Ali Darassa, ont perdu leurs sources de revenus et d’autorité.
Maintenant, Ali Darassa essaie activement de trouver du soutien partout où il le peut. Par exemple, il aurait rencontré le chef du service de renseignement tchadien. Par ailleurs, le 18 octobre, des journalistes d’investigation centrafricains ont publié une vidéo montrant le dirigeant de l’UPC en train de communiquer avec les représentants de l’ONU. Selon les sources sur le terrain, la mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA) a participé activement à la conception et à la planification de l’arrestation d’Hassan Bouba. Ces informations, combinées aux récents cas documentés de coopération entre Ali Darassa et les casques bleus, donnent une image assez cohérente.
Le mouvement contre Bouba est le mouvement des forces combinées d’Ali Darassa, qui n’est pas intéressé par un désarmement supplémentaire des forces rebelles et une stabilisation globale de la situation sécuritaire dans le pays, De plus, la mission des Nations Unies n’est pas non plus intéressée à stabiliser la situation, car cela posera la question de la suffisance du déploiement de la mission en République centrafricaine.
La feuille de route proposée par le président Faustin-Archange Touadéra en 2019 sous la forme de l’Accord de paix de Khartoum se concentre sur l’établissement de la paix et de la réconciliation, le rétablissement de l’ordre social et des liens amicaux au sein des communautés centrafricaines. Les démarches entreprises par Hassan Bouba vers la paix et son travail de facilitateur sont notées et appréciées par le peuple de la République, qui a décidé de protester contre son arrestation.
« Pour nous, la Cour pénale spéciale doit commencer d’abord par l’arrestation des gros poissons qui continuent de massacrer la population. Des gens comme Ali Darassa, Bozizé, Alkhatim, et bien d’autres criminels rebelles qui circulent. Tout le monde que le ministre Hassan Bouba est engagé sur le chemin de la paix », a déclaré à la presse Jean Pierre Nangué, l’un des manifestants.