Conformément aux termes de l’accord passé entre Abdallah Hamdok et le général Al-Burhane, des personnalités politiques ont été libérées comme Omar al-Digair, chef du Parti du Congrès soudanais ou encore Yasir Arman du Mouvement de libération populaire du Soudan, Faisal Mohammed Saleh, ancien ministre de l’Information, ainsi que Saddiq Saddiq al-Mahdi, du parti Oumma. Mais la plupart des détenus restent sous les verrous et des arrestations se poursuivent selon des avocats.
Min Hagak est un collectif d’avocats militants qui tente d’apporter un soutien juridique aux personnes détenues par les autorités. Pour Shaheen al-Sharif, l’accord signé dimanche ne donne aucune garantie.
« Seuls six des représentants des partis politiques ont été relâchés. Mais un grand nombre d’entre eux sont toujours détenus. Certains sont visés par des charges graves. D’autre part, aucun membre des comités de résistance arrêté n’a été libéré malgré cet accord signé dimanche. Le même jour, de nouvelles arrestations ont eu lieu. La purge se poursuit. »
Des militants, des fonctionnaires, des journalistes ou de simples manifestations, le collectif tente de recenser toutes les arrestations à travers le pays.
« Depuis dimanche, il y a eu des arrestations de membres de comités de résistance à Gedaref, Kassala, el-Obeid ou Wad Madani. La plupart du temps, ils comparaissent devant des tribunaux d’urgence, comme à l’époque d’Omar al-Bachir. Certains sont accusés de troubles à l’ordre public d’autres font face à des charges plus graves comme insulte à l’armée ou espionnage et finissent directement en prison. »
Selon le décompte de ces avocats, il y aurait eu au moins 300 arrestations à Khartoum depuis le coup d’État et près d’un millier dans tout le pays.
« Eviter un bain de sang »
Au Soudan, trois jours après la signature d’un accord entre Abdallah Hamdok et le général Al-Burhane, le pays est dans l’expectative. S’il satisfait plutôt la communauté internationale, cet accord ne remet pas en cause la mainmise des militaires sur la transition soudanaise.
Douze des dix-sept ministres issus des Forces pour la Liberté et le changement ont rendu en main propre leur démission à Abdallah Hamdok. De nombreux et organisations de la société civile rejettent refusent le partenariat avec les putschistes.
72h après son retour au poste de Premier ministre, Abdallah Hamdok est sorti de son silence mardi 23 novembre pour expliquer pourquoi il avait signé un accord avec les militaires. « Il n’y a pas d’accord parfait, a-t-il dit à CNN. C’est un bon accord, un accord avec lequel on peut travailler, et qui pourrait permettre une normalisation de la situation, et permettre au pays d’avancer. Nous avons signé cet accord afin de sauver la vie de notre peuple, afin d’éviter un bain de sang, et remettre le pays sur les rails. Cet accord a le potentiel de débloquer la situation. Mais surtout il peut nous permettre de revenir vers un processus politique qui nous amènera à des élections et au transfert du pouvoir a un gouvernement élu et permettra au peuple de choisir le gouvernement de son choix. »
Abdallah Hamdok a également ajouté qu’il allait travailler en vue de l’organisation d’élection crédible en 2023, comme prévu par les accords de paix. De nouvelles manifestations sont prévues jeudi.
Source: Rfi