L’inquiétude est au sommet au Kenya sur la situation en Ethiopie. Jeffrey Feltman, l’envoyé spécial américain pour la Corne de l’Afrique était dimanche et lundi à Nairobi où il a échangé avec le président Kenyatta sur le dossier éthiopien, après avoir rencontré Abiy Ahmed et avant de retourner hier en Ethiopie. Il faut dire que face au conflit qui continue, les communiqués se sont multipliés côté kényan.
Il y a eu, tout d’abord, un communiqué du ministère des Affaires étrangères puis, du président Kenyatta lui-même, le 3 novembre. Ce dernier s’inquiète d’une crise qui « ne fait que s’aggraver » et appelle les deux camps à « mettre fin au conflit ».
Il avait déjà enjoint le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, à œuvrer pour la paix lors de l’investiture de ce dernier, à Addis-Abeba, le mois dernier, des appels au dialogue qui se succèdent, côté kényan, car les enjeux sont de taille pour le pays.
C’est le président Kenyatta lui-même qui l’a affirmé : il a multiplié les discussions avec ses homologues, aussi bien africains qu’européens ou encore américains. Le mois dernier, il avait notamment rencontré le président américain Joe Biden en personne. Il a aussi échangé, à plusieurs reprises, avec les représentants d’institutions internationales comme l’ONU ou l’Union africaine.
Car en effet, les implications du dossier éthiopien pour le Kenya ne sont pas moindres. En termes de sécurité intérieure, d’abord. Pour Nairobi, il y un risque de voir arriver une vague de réfugiés et de prolifération d’armes si le conflit atteint le sud de l’Éthiopie. Le Kenya a d’ailleurs déjà annoncé renforcer la sécurité à sa frontière.
Peur aussi pour la stabilité régionale également, Addis-Abeba étant un partenaire sécuritaire de longue date pour le Kenya. C’est notamment un important fournisseur de troupes en Somalie dans la lutte contre les shebabs. Une escalade du conflit pourrait alors inciter le gouvernement éthiopien à rapatrier ses militaires, laissant un vide sécuritaire.
Enfin, Nairobi souhaite préserver ses intérêts économiques chez son voisin. L’opérateur téléphonique kényan, Safaricom, vient par exemple d’obtenir une licence en Éthiopie.
Source: Rfi